Boris Johnson © Belga

Boris Johnson devant le Parlement pour un bras de fer sur le Brexit

Le Vif

Le Premier ministre britannique Boris Johnson va devoir faire face mardi à la fronde de députés de son propre parti conservateur hostiles à un Brexit sans accord, en dépit de sa menace de convoquer des élections législatives anticipées à la mi-octobre s’il essuie une défaite au Parlement.

Les députés reprennent mardi le chemin de Westminster, et des élus conservateurs « rebelles » s’apprêtent à soutenir l’opposition pour tenter d’imposer un nouveau report du Brexit et empêcher une sortie brutale de l’Union européenne.

Un premier vote autour du calendrier du Brexit doit avoir lieu mardi soir à la Chambre des communes.

Si son issue est négative pour le gouvernement, Boris Johnson présentera dans la foulée une motion pour organiser des élections législatives le 14 octobre, selon un responsable gouvernemental.

« Le Premier ministre ne veut pas d’une élection mais cela dépendra du choix des députés lors du vote demain », a mis en garde ce responsable sous couvert d’anonymat.

Cette motion sera soumise au vote des députés mercredi et adoptée si elle recueille deux tiers des voix. La date du 14 octobre « permettra à un nouveau Premier ministre d’être en poste avant le sommet européen » des 17 et 18 octobre à Bruxelles, a précisé la même source.

Aucun report

Lors d’une déclaration officielle, Boris Johnson a pourtant affirmé lundi qu’il ne « voulait pas d’une élection » — mais il a aussi rappelé qu’il ne demanderait un report du Brexit à Bruxelles « sous aucune circonstance ».

Le chef du gouvernement envisage plutôt une sortie de l’UE sans accord s’il ne parvient pas à trouver un compromis avec Bruxelles d’ici le 31 octobre, date prévue du divorce.

Durcissant le ton avant cette rentrée parlementaire qui s’annonce agitée, le Premier ministre a menacé lundi d’exclusion du parti les Tories « rebelles » qui voudraient voter avec l’opposition, alors qu’il ne dispose que d’une voix de majorité absolue à la Chambre basse du Parlement.

Et la semaine dernière, il avait décidé de suspendre pendant cinq semaines le Parlement, jusqu’au 14 octobre, déclenchant la fureur de nombreux députés y voyant une manoeuvre pour les « bâillonner ».

« Le Premier ministre semble faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener à une élection, tout en affirmant que c’est la dernière chose qu’il souhaite », critique une source proche du groupe de conservateurs « rebelles ».

Boris Johnson assure de son côté qu’il souhaite simplement montrer un front « uni » à Bruxelles pour ne pas affaiblir Londres dans sa tentative de renégocier l’accord conclu entre l’ex-cheffe du gouvernement Theresa May et Bruxelles. Les « chances » d’un accord avec l’UE « ont augmenté » ces dernières semaines, a-t-il estimé.

Le chef du gouvernement s’adressera à la Chambre dans l’après-midi, avant de laisser la place à Michael Gove, son bras droit chargé des préparatifs en vue d’un Brexit sans accord.

Bataille législative…

D’après la BBC, les députés anti « no deal » voudraient repousser le divorce avec l’UE au 31 janvier. Pour ce faire, ils doivent d’abord récupérer la main sur l’agenda parlementaire, contrôlé par le gouvernement.

Grâce à une règle intitulée « Standing Order 24 » (So24), ils pourraient demander un débat parlementaire d’urgence. Le président de la Chambre des communes, John Bercow, qui voit dans la suspension du Parlement un « scandale constitutionnel », devrait y être favorable.

Dans cette bataille tactique législative, Jeremy Corbyn, chef du Labour, la principale formation d’opposition, garde toutes les options ouvertes, y compris une motion de censure contre le gouvernement.

Il soutient l’organisation d’élections législatives « pour que les gens décident de leur avenir ». Les travaillistes feraient alors campagne pour un nouveau référendum sur l’appartenance à l’UE.

Des manifestations en faveur d’élections anticipées sont aussi prévues mardi devant le Parlement.

… et juridique

La bataille se poursuit également devant les tribunaux, où le gouvernement de Boris Johnson doit répondre à plusieurs initiatives visant à empêcher la suspension du Parlement.

Mardi, la plus haute instance civile d’Ecosse doit examiner sur le fond une demande de contrer la suspension du Parlement, formulée par près de 75 parlementaires pro-européens. Ces derniers avaient déjà tenté la semaine dernière de contrer la suspension, mais leur recours en urgence avait été rejeté.

La Haute Cour d’Irlande du Nord examinera de son côté un autre recours, introduit en urgence au nom d’un militant des droits de l’Homme nord-irlandais, Raymond McCord.

Et jeudi, une audience à Londres portera sur une action intentée par la femme d’affaires et militante anti-Brexit Gina Miller et soutenue par l’ancien Premier ministre conservateur John Major.

Gina Miller avait déjà gagné en 2017 une bataille judiciaire pour forcer le gouvernement, alors dirigé par Theresa May, à consulter le Parlement sur le processus de retrait.

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