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Birmanie: HRW dénonce des crimes contre l’humanité envers les Rohingyas

Les forces armées birmanes commettent des crimes contre l’humanité envers la minorité musulmane apatride rohingya, assure l’ONG Human Rights Watch (HRW) ce mardi. L’ONG dénonce des déportations forcées, des persécutions, des meurtres et des viols dans l’Etat Rakhine.

Depuis la fin du mois d’août des centaines de milliers de Rohingyas fuient le nord du pays théâtre des violences entre armée et rebelles rohingyas, pour le Bangladesh voisin. « L’armée birmane expulse brutalement les Rohingyas hors de l’Etat Rakhine », assure James Ross, directeur politique et légal à Human Rights Watch. « Les massacres des villageois et les incendies de masse qui poussent les gens hors de leur maison sont des crimes contre l’humanité », poursuit-il décrivant les attaques comme « répandues » et « systématiques ».

Des docteurs traitant les 429.000 réfugiés rohingyas au Bangladesh, affirment avoir été confrontés à des douzaines de cas de femmes présentant des blessures propres à des assauts sexuels violents. Les rapports du staff médical des Nations Unies, consultés par l’agence Reuters, évoquent des allégations répétées allant de molestations à des viols collectifs perpétrés par les forces armées birmanes.

Face à la situation qui se dégrade de jour en jour, confirmée par des images satellites obtenues par l’ONG, HRW estime que le Conseil de sécurité des Nations Unies et les pays concernés doivent imposer des sanctions ciblées au pays et imposer un embargo sur les armes à l’armée birmane.

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit jeudi

Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira jeudi pour évoquer les violences en Birmanie. Les Nations unies ont plusieurs fois dénoncé une « épuration ethnique » menée par la Birmanie, provoquée par de vastes opérations militaires et justifiées par les autorités birmanes comme une réaction aux violences initiées par des extrémistes musulmans.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’adressera au Conseil lors de cette réunion réclamée par sept pays dont la France et les Etats-Unis.

Le président français Emmanuel Macron a même évoqué la semaine dernière un « génocide », tandis que son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a parlé de « terrorisme bouddhiste ».

Ces violences ont provoqué un exode massif de plusieurs centaines de milliers de Rohingyas vers le Bangladesh. Quelque 800.000 d’entre eux y sont désormais réfugiés, selon la Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, qui a demandé jeudi dernier à la tribune des Nations unies une « mission de l’ONU en Birmanie » et la création « de zones sûres » dans ce pays.

La Grande-Bretagne, l’Egypte, le Kazakhstan, le Sénégal et la Suède sont les autres pays qui ont demandé la tenue de la réunion prévue jeudi.

La minorité Rohingya, une communauté d’environ 1,1 million de personnes, est discriminée depuis des années en Birmanie où la citoyenneté est notamment refusée à ses membres.

La dirigeante birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi fait l’objet de pressions diplomatiques accrues depuis quelques semaines sur cette question.

Mardi dernier, elle avait assuré que la Birmanie était « prête » à organiser le retour des plusieurs centaines de milliers – 410.000 selon elle – de Rohingyas réfugiés au Bangladesh, se disant « profondément désolée » pour les civils « pris au piège » de la crise.

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