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Bilan contesté, origine du coronavirus: la Chine, mise en cause, dément toute dissimulation

Le Vif

La Chine dément toute dissimulation sur le nombre de victimes du coronavirus mais a revu ses chiffres en hausse, après les accusations de dirigeants occidentaux qui s’interrogent de plus en plus sur l’attitude de Pékin face à cette pandémie meurtrière qui paralyse depuis des semaines leurs économies.

Depuis son apparition fin 2019 à Wuhan, métropole du centre du pays, le coronavirus a infecté plus de 2 millions de personnes à travers le monde, conduit au confinement inédit d’au moins 4,5 milliards de personnes et mis au chômage partiel ou total des dizaines de millions d’entre elles, dont 22 millions rien qu’aux Etats-Unis. « Il n’y a jamais eu aucune dissimulation et nous n’autoriserons jamais aucune dissimulation », a assuré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

D’autres pays doutent

La veille, le président français Emmanuel Macron avait mis en cause le manque de transparence de Pékin, emboîtant le pas aux Américains. Il y a « manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas », a-t-il déclaré au quotidien britannique Financial Times, mettant aussi en doute le bilan affiché par la Chine.

Le ministre des Affaires étrangères britannique Dominic Raab a aussi déclaré que Pékin devrait répondre à des « questions difficiles concernant l’apparition du virus et pourquoi il n’a pas pu être stoppé plus tôt ».

Le nombre réel de décès contestés

Vantant la « réponse (…) irréprochable » de son pays à cette crise sanitaire, Zhao Lijian a cependant reconnu « des retards » et « des omissions » dans l’enregistrement des décès peu après que la mairie de Wuhan eut créé la surprise en révisant à la hausse son nombre de morts. Elle a annoncé 1.290 morts supplémentaires tout en expliquant leur non comptabilisation initiale par le fait qu’ils étaient décédés chez eux et non à l’hôpital.

Ce nouveau décompte porte à 4.632 le bilan des décès enregistré dans le pays le plus peuplé du monde. Un chffre qui reste très en-deçà de certaines estimations qui circulent en Occident, relève le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong.

Échappé d’un laboratoire ?

Le nouveau coronavirus est soupçonné d’être apparu dans un marché en plein air de Wuhan où des animaux exotiques étaient vendus vivants. D’origine animale et proche d’un virus présent chez des chauves-souris, il aurait pu s’y transmettre à l’Homme et muter. Mais des médias, américains notamment, estiment qu’il a pu s’échapper d’un laboratoire local qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris.

Les Etats-Unis n’excluent pas que le coronavirus à l’origine de la pandémie provienne, bien que d’origine naturelle, d’un laboratoire chinois à Wuhan, et évoquent une « enquête » pour faire toute la lumière. Les experts ont découvert qu’il était proche d’un virus présent chez des chauves-souris, qui aurait muté et se serait transmis à l’une des espèces vendues sur le marché, d’où le virus aurait ensuite contaminé des humains. L’animal intermédiaire n’a pas été identifié avec certitude.

Coup sur coup, deux médias américains ont toutefois rapporté ces derniers jours des informations qui ouvrent une autre piste. Selon le Washington Post, l’ambassade des Etats-Unis à Pékin, à la suite de plusieurs visites à l’Institut de virologie de Wuhan, avait alerté à deux reprises, il y a 2 ans, le département d’Etat américain sur les mesures de sécurité insuffisantes dans ce laboratoire qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris. Surtout, Fox News rapporte que « plusieurs sources », dont la chaîne ne précise pas la nature, pensent désormais que l’actuel coronavirus émane de ce même laboratoire. Le média conservateur américain évoque un virus naturel, étudié dans le laboratoire. Sa « fuite » ne serait pas volontaire, mais due aux mauvais protocoles de sécurité de cet institut pourtant censé respecter les normes les plus strictes. Dans cette hypothèse, le « patient zéro » serait donc un employé du laboratoire, qui aurait propagé le virus dans la population après avoir été accidentellement contaminé.

Zhao Lijian a démenti cette possibilité. « De nombreux experts médicaux réputés dans le monde estiment que l’hypothèse d’une soi-disant fuite n’a aucune base scientifique », a-t-il déclaré, estimant que l’origine du virus devait faire l’objet d’études de spécialistes.

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