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Benoît XVI : fermeté sur les dossiers de pédophilie et conservatisme doctrinal

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Joseph Aloïs Ratzinger se retire un peu comme il a mené son pontificat : avec humilité. Il aura fait face avec détermination au scandale de pédophilie et tenté de rassembler l’Église au risque de privilégier un conservatisme suranné.

En annonçant sa démission un peu moins de huit ans après avoir été élu successeur de Saint-Pierre, Joseph Aloïs Ratzinger n’aura sans doute pas marqué, sous le nom de Benoît XVI, l’histoire du Vatican comme ont pu le faire nombre de ses prédécesseurs. On pourrait en déduire que l’humilité aura présidé à son pontificat comme à son retrait motivé, selon ses propres mots, par son incapacité physique à bien administrer le ministère qui lui a été confié. Que Benoît XVI l’ait reconnu et qu’il en ait tiré les conséquences alors que d’autres papes étaient aussi diminués à la fin de leur magistère est inédit et témoigne d’un réalisme qui force le respect.

Pendant quelque huit ans, Benoît XVI aura été confronté à un défi majeur pour l’Église catholique, les actes de pédophilie dont se sont rendus coupables de nombreux prêtres les décennies précédentes et qu’une libération de la parole des victimes a permis d’exhumer et de poursuivre dans de nombreux pays, Irlande, États unis, Allemagne, Pays-Bas, Belgique. Les observateurs s’accordent généralement à reconnaître au Pape d’avoir été déterminé dans la lutte contre ces méfaits et dans l’oeuvre de l’Église pour les réparer et les prévenir. Une détermination souvent plus grande que celle des autorités religieuses nationales. Sur le chemin d’un déplacement au Portugal, Benoît XVI n’hésite pas ainsi à admettre que « la plus grande persécution de l’Église ne vient pas d’ennemis extérieurs, mais naît du péché de l’Église ». Fermeté à l’encontre des agresseurs et compassion à l’égard des victimes marqueront le pontificat sur ce dossier. Cela se traduira pour certains agresseurs, dont des Belges, par des sanctions prononcées directement par le Vatican.

L’attitude intransigeante sur ce dossier, Benoît XVI l’avait déjà professée lorsqu’il était Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi sous Jean Paul II. Cette expérience marquera aussi son pontificat à travers la volonté du pape de rassembler et d’accueillir à nouveau dans son giron des fidèles qui se sont détournés de l’Église. Faisant montre d’ouverture envers les traditionalistes ou restaurant la messe de 1962 (dite messe de Saint Pie X), il sera alors taxé de conservatisme.

Benoît XVI sera enfin soupçonné de souffler le chaud et le froid sur le dossier de l’oecuménisme. Sa volonté de dialogue avec les autres religions se heurtera à des déclarations qui semblent la contredire dans les faits. Le 12 septembre 2006, dans un discours à l’université de Ratisbonne, Benoît XVI rapporte une citation de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue qui dénonçait à demi-mot une nature intrinsèquement violente de l’islam. La référence suscitera de vives réactions dans le monde musulman et entachera d’un péché quasi originel la propension traditionnelle de l’Église catholique contemporaine à l’ouverture.

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