Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien © AFP

Benjamin Netanyahu toujours au pouvoir en Israël mais des nuages en vue

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu gouverne depuis des années son pays en mêlant discours droitier et habiles manoeuvres pour écarter ses opposants, mais certains analystes se demandent si son dernier pari politique, avec la tenue d’élections anticipées, ne sera pas le dernier.

Même si les sondages annoncent une nouvelle victoire de M. Netanyahu au scrutin du 9 avril, une série d’enquêtes pour corruption pourraient hypothéquer un nouveau mandat.

Selon la loi israélienne, même si le procureur général décidait d’inculper le Premier ministre en suivant les recommandations de la police, M. Netanyahu ne serait pas obligé de démissionner de son poste.

Mais la pression politique serait très forte et forcerait toute nouvelle coalition à une réflexion sur son maintien ou non à sa tête, relèvent des analystes.

Pour nombre de commentateurs politiques, M. Netanyahu a poussé à la tenue d’élections sept mois avant la date prévue en estimant qu’il serait en meilleure posture pour combattre une éventuelle inculpation s’il était fraîchement réélu.

Il ne serait donc pas avisé de tabler sur sa chute à ce stade, font-ils valoir, quand bien même ses ennuis judiciaires se préciseraient.

S’il remporte les élections, Benjamin Netanyahu serait alors en passe de battre le record de longévité (plus de 13 ans) du père fondateur de l’Etat d’Israël, David Ben Gourion.

« Il ne prévoit pas du tout de démissionner et il pense qu’il peut faire face victorieusement aux charges qui pèsent contre lui », estime Anshel Pfeffer, journaliste au quotidien Haaretz et auteur d’une biographie récente du dirigeant israélien.

A 69 ans, cet homme costaud aux cheveux gris tient les rênes d’Israël depuis si longtemps qu’il a parfois été surnommé « le roi Bibi ».

Son efficacité politique est louée par ses partisans qui relèvent que, depuis des années, ses opposants ne l’ont jamais vraiment mis au défi.

Un autre de ses surnoms, « Monsieur sécurité », explique sa popularité dans un pays où les questions sécuritaires font partie des principales préoccupations des électeurs.

Il ne parle généralement de la question palestinienne que sous l’angle des opérations des forces de l’ordre alors qu’Israël occupe depuis plus de 50 ans la Cisjordanie, un territoire palestinien.

Sans surprise, il a commencé sa campagne électorale en faisant référence lundi aux opérations menées par Israël en Syrie.

M. Netanyahu a également mis en avant la vaste opération de l’armée israélienne pour détruire des tunnels creusés, selon elle, par le Hezbollah libanais, autre ennemi d’Israël, pour infiltrer son territoire.

Mais dans un pays où le coût de la vie préoccupe de nombreux habitants, il n’a pas oublié de défendre son bilan économique.

« Nous avons fait d’Israël une puissance mondiale émergente, et je n’exagère pas », a-t-il péroré.

Fils d’un historien ultra-sioniste, M. Netanyahu est né en 1949, juste après la création de l’Etat d’Israël. Il a grandi en partie aux Etats-Unis.

Ancien combattant des forces spéciales blessé au combat, marqué par la mort de son frère aîné lors du raid d’Entebbé (Ouganda) contre un commando pro-palestinien en 1976, M. Netanyahu ne cesse de pourfendre le « terrorisme international » et « l’extrémisme islamiste ».

Dans sa jeunesse, la gauche dominait la politique israélienne. Mais en 1977, la victoire du parti de droite Likoud, avec à sa tête Menahem Begin, posa les bases de la future ascension de Benjamin Netanyahu.

Sa carrière décolle lorsqu’il est nommé ambassadeur aux Etats-Unis puis aux Nations unies.

En 1996, il devient à 46 ans le plus jeune Premier ministre de l’histoire d’Israël, mais il sera battu trois ans plus tard. Il réussit à revenir au pouvoir en 2009 et ne l’a plus quitté depuis.

« C’est une personnalité intéressante », relève Shmuel Sandler, professeur au Centre Begin-Sadate pour les études stratégiques. « Il est désormais considéré comme un maître politique, alors que lorsqu’il a commencé il ne savait pas vraiment comment procéder », poursuit-il, affirmant que son approche était alors trop américaine.

Mais d’autres analystes déplorent sa tendance à créer la division en utilisant la peur pour combattre ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

Selon Anshel Pfeffer, « il laissera en héritage non pas une nation plus sûre mais une société israélienne fracturée, qui vit derrière des murs ».

Contenu partenaire