Une manifestation pour le clerc chi'ite Isa Qassim à Bahreïn en février 2017. © REUTERS

Bahreïn: le gouvernement, « armé par la Wallonie », réprime toute dissidence

Amnesty International dévoile, dans un rapport publié jeudi, la liste des pays fournissant au Barheïn des équipements qui pourraient servir à la répression instaurée par le régime. La Belgique, et plus précisément la Région wallonne, y figure, au même titre que l’Angleterre, le Brésil et la France notamment.

Durant l’année écoulée, le gouvernement bahreïnite a utilisé de multiples méthodes répressives à l’égard de la société civile, qui se sont soldées par la mort de six personnes, dont un enfant, souligne l’ONG.

Outre une répression de la liberté de réunion et d’expression, visant surtout les défenseurs des droits humains, les avocats, les journalistes, etc., Amnesty International évoque encore neuf cas de détracteurs torturés en détention, dont huit durant le seul mois de mai 2017. Dans son témoignage, la militante Ebtisam al Saegh raconte avoir été agressée sexuellement, les yeux bandés, le 26 mai dernier. Elle ajoute avoir été frappée et maintenue debout pendant la majeure partie de son interrogatoire par l’Agence de sécurité nationale, qui a duré sept heures.

Dans son rapport, l’organisation fait aussi le point sur les pays, dont la Belgique, qui fournissent au Bahreïn des équipements « pouvant servir à cette répression ». L’Angleterre, le Brésil, Chypre, les Émirats arabes unis, la France, l’Italie, la Turquie et la Suisse complètent la liste des Etats pointés du doigt.

« Depuis 2007, la Région wallonne a accordé des licences d’exportation de matériel de remplacement et de maintenance pour véhicules terrestres chaque année, à l’exception de 2014. Le Registre des armes classiques des Nations unies atteste par ailleurs dans son rapport de 2015 de la livraison par la Belgique de véhicules de combat qui, selon le rapport du Gouvernement wallon, correspondrait à un montant de 3,4 millions d’euros », détaille Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

L’ONG demande aux pays concernés de cesser tout transfert « jusqu’à ce que les autorités bahreïnites autorisent des enquêtes indépendantes et impartiales ». « Livrer du matériel de combat à un gouvernement qui pourrait l’utiliser pour réprimer les droits fondamentaux de son peuple est une forme de complicité avec le pouvoir en place. (…) On ne peut tolérer que des entités fédérées participent directement ou indirectement à cette répression violente et sanglante », conclut Philippe Hensmans.

D’après Amnesty International, au moins 169 détracteurs du gouvernement ou leurs proches ont été interpellés, torturés ou menacés, entre juin 2016 et juin 2017.

Contenu partenaire