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Au Texas, 500e exécution de condamné à mort depuis le rétablissement de la peine capitale

Le Vif

Le Texas a exécuté mercredi à Huntsville son 500e condamné à mort depuis le rétablissement de la peine capitale aux Etats-Unis, en 1976, l’exécution de cette femme noire de 52 ans marquant un record dans un pays où le châtiment suprême a toutefois tendance à reculer.

Le Texas a exécuté mercredi soir son 500e condamné à mort depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976 aux Etats-Unis. Sur les 1.337 exécutions dénombrées depuis 1976 à l’échelle du pays, cet Etat du Sud en totalise à lui seul plus du tiers.

Le Texas a exécuté mercredi soir son 500e condamné à mort depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976 aux Etats-Unis. « Une sinistre étape », a commenté l’avocate de l’exécutée, une femme noire de 52 ans.

Recours épuisés

Après avoir passé quatorze ans dans le couloir de la mort, Kimberly McCarthy a été déclarée morte par injection létale à 18H37 (1H37 heure française) à « Walls Unit », la prison du centre ville d’Huntsville. La quinquagénaire noire avait bénéficié de deux sursis de dernière minute, fin janvier et début avril, pour des soupçons de discrimination raciale au moment de la sélection du jury qui l’avait condamnée à mort. Il était quasi-exclusivement composé de Blancs.

Mais dans cette jolie petite ville située au nord de Houston, le temps s’est arrêté mercredi soir pour cette ancienne droguée condamnée à mort pour le meurtre sauvage d’une vieille dame lors d’un cambriolage dans le comté de Dallas en 1997. Son avocate avait épuisé tous les appels, jusqu’au tout récent refus de la cour pénale d’appel du Texas de réexaminer son dossier.

« Texans contre les meurtres d’Etat »

Devant la prison de Huntsville, une quarantaine de manifestants abolitionnistes se sont rassemblés dans une chaleur étouffante, derrière un ruban jaune mis en place par les autorités pénitentiaires. Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « Exécutez la justice, pas les gens », « Cessez les exécutions au Texas », « la peine de mort est raciste », ou encore « les Texans contre les meurtres d’Etat ».

« L’exécution de ce soir est tragique, mais elle n’est pas plus tragique que la prochaine ou celle d’il y a deux semaines », a déclaré à Dennis Longmire, un professeur de l’université de Huntsville, militant de la première heure. « Mais la 500e exécution ne devrait pas recevoir plus d’attention que la première ou la 501e », a-t-il ajouté devant les murs rouges de la prison du centre d’Huntsville, l’une des sept de la ville, dont l’essentiel de la population active travaille dans le système pénitentiaire.

Attention internationale

« C’est incroyable qu’ils fassent cela, cela n’a aucun sens », s’est indigné Sheryl Smith, pasteur de l’Eglise méthodiste, juste après l’exécution. « Cette 500e exécution braque le projecteur sur le Texas, j’espère que cela apportera un peu d’air frais et fera pression pour changer les choses ».

Il s’agit de la 17e exécution aux Etats-Unis au cours des six premiers mois, dont 8 au Texas. Sur les 1.337 exécutions dénombrées depuis 1976 à l’échelle du pays, cet Etat du Sud en totalise à lui seul plus du tiers.

De rares exécutions de femmes

C’est aussi la treizième femme à être exécutée dans le pays depuis 1976, selon le Centre d’information sur la peine capitale. La dernière femme à avoir été exécutée est Teresa Lewis, le 23 septembre 2010 en Virginie. Le Texas, qui avait repris les exécutions en 1982, après la levée d’un moratoire de la Cour suprême des Etats-Unis, a exécuté trois femmes depuis cette date, sur 500 exécutions, mais huit autres attendent dans le couloir de la mort.

Baisse globale du nombre d’exécutions

« Malgré cette étape majeure, nous nous attendons à ce que le nombre total d’exécutions aux Etats-Unis marque une nouvelle baisse cette année, et à ce que les peines de mort prononcées continuent à décroître », souligne Richard Dieter, le directeur du Centre d’information sur la peine de mort. Avec 78 peines capitales prononcées l’an dernier, les jurys américains optent en effet de moins en moins pour le châtiment suprême (75% de sentences de mort en moins par rapport aux années 1990).

Mais pas du soutien populaire

Mais si « en nombres d’exécutions, de condamnations à mort et d’Etats, la peine capitale est en déclin, en termes de soutien populaire, ce n’est pas le cas », prévient Robert Blecker, professeur à l’Ecole de droit de New York et favorable à la peine capitale.
Les sondages d’opinion montrent montre en effet un soutien « plutôt constant » des Américains, entre 60 et 65% d’opinions favorables, « bien au-delà des divisions partisanes », commente cet analyste, qui estime que cette tendance est appelée à se maintenir « avec des crimes odieux » comme la tuerie de l’école de Newtown (26 morts) ou encore le double attentat du marathon de Boston (trois morts et 264 blessés).

Les abolitionnistes voient au contraire « une lumière au bout du tunnel » avec, en particulier, le militantisme de certains des 142 condamnés à mort innocentés et devenus des « ambassadeurs du changement ».

Des exécutions à trois millions

D’autant que le coût d’une exécution, et de tous les recours en justice qui la précèdent, est bien supérieur à celui de la prison à vie, souligne le professeur abolitionniste à l’université de Huntsville, Dennis Longmire. Selon le Centre d’information sur la peine de mort, il en coûte un million de dollars pour enfermer quelqu’un à vie, contre trois pour l’exécuter.


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