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Au Stade de France, trois kamikazes et beaucoup de questions sans réponse

Le Vif

Les trois kamikazes sont-ils arrivés en retard ? Avaient-ils réellement projeté d’entrer dans le Stade de France ? Comptaient-ils au contraire attendre la fin du match pour déclencher leurs bombes ? Quatre mois après les attentats de Saint-Denis, qui ont fait un mort et 56 blessés, de nombreuses questions restent sans réponse.

21H01 – TROIS HOMMES A PIED

A l’heure du coup d’envoi du match amical France-Allemagne, les images de vidéo-surveillance montrent trois jeunes hommes marchant côte à côte en direction de la porte A. L’un d’entre eux est au téléphone.

D’où viennent-ils ? Les policiers « supposent » qu’ils ont été déposés en voiture, peut-être en retard sur l’horaire prévu. Salah Abdeslam, suspect clé toujours en fuite, pourrait les y avoir convoyés. En arrivant une demi-heure plus tôt, ou en attendant la fin de la rencontre, les trois kamikazes auraient pu faire un carnage et créer une panique mortelle devant le stade, qui accueille ce soir-là 80.000 spectateurs, dont François Hollande et Angela Merkel.

« Seule certitude: ils n’avaient pas de billets », affirme un membre de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, qui a réalisé les constatations. Selon lui, « difficile de toute façon d’imaginer qu’ils aient réellement pensé pouvoir entrer dans le stade avec leur ceintures, malgré les palpations ».

21H17 – PREMIER ATTENTAT, PREMIÈRE VICTIME

Devant la porte D, un jihadiste commet le premier attentat suicide de l’histoire de France.

La déflagration et les projections d’écrous et de boulons tuent Manuel Dias, un chauffeur portugais de 63 ans, dont 45 passés en France. La première victime des attentats du 13 novembre venait de déposer un petit groupe de spectateurs venus de Reims, où il vivait. En attendant la fin du match, il était allé boire un café.

Un passeport syrien au nom d’Ahmad al-Mohammad est retrouvé près du corps déchiqueté du kamikaze. Le document correspond à un soldat des troupes loyales à Bachar al-Assad, tué plusieurs mois auparavant. Cet homme a été contrôlé sur l’île grecque de Leros en octobre 2015, repéré ensuite en Serbie, et sa trace a été perdue en Croatie.

21H20 – UN DEUXIÈME KAMIKAZE ACTIONNE SA CEINTURE PORTE H

Après la première explosion, la panique s’empare des abords du stade.

Omar Dmoughi voit un jeune vêtu d’une doudoune noire et d’un jean faire des « allers-retours » devant la porte H, par laquelle « il cherche à rentrer ». Le vigile raconte lui avoir crié « arrêtez », avant que ce dernier n’actionne sa ceinture, trois minutes à peine après la première explosion.

La vitrine du restaurant voisin est à peine fendue. Le corps du jihadiste coupé en deux.

Comme le premier kamikaze, il a rejoint l’Europe en se dissimulant parmi les réfugiés qui fuient la guerre en Syrie. Ses empreintes papillaires correspondent à celles relevées lors du même contrôle en Grèce, en 2015. Il avait alors présenté un passeport syrien au nom de Mohammad al-Mahmod. Mais, comme l’autre kamikaze au passeport syrien, il a été présenté comme un Irakien dans la revue Dabiq de l’organisation État islamique (EI).

21H53 – PRES DU MCDONALD, UNE TROISIEME EXPLOSION

Après la deuxième explosion, les caméras de vidéo-surveillance filment pendant de longues minutes Bilal Hadfi, 20 ans et visage d’adolescent, déambulant dans les rues alentour, accroché à son téléphone. A 21H53, ce Français résidant en Belgique s’approche du McDonald, à 250 mètres du stade environ, et se fait sauter.

Il est le seul à mourir, mais les secours recensent alors plus de 50 blessés, dont sept en urgence absolue. « L’explosion a certainement été la plus violente des trois : un des bras du kamikaze a été retrouvé à plusieurs dizaines de mètres », raconte un enquêteur.

De l’autre côté du périphérique, l’équipée meurtrière de leurs complices se poursuit. Après Manuel Dias, 129 autres personnes trouveront la mort ce 13 novembre à Paris

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