Impressionnant coucher de soleil à Rio. © Reuters

Au Brésil, la fête est finie, place aux défis de la sortie de crise

Le Vif

Quand la vasque des jeux Paralympiques de Rio s’éteindra dimanche au Maracana, le cycle des grands évènements organisés au Brésil prendra fin officiellement mais le pays devra relever le défi de sortir de la crise.

Il a derrière lui le Sommet de l’ONU sur l’environnement Rio+20 (2012), la Coupe des Confédérations et les journées mondiales de la jeunesse catholique (2013), la Coupe du monde de foot (2014) et les jeux Olympiques.

Pendant leur préparation a plané l’ombre du doute, des retards des travaux et des manifestations massives de rue.

Mais le Brésil a rempli son contrat: chaque évènement a été réalisé avec succès, beaucoup de monde et sans incident.

Ce cycle a débuté en 2007 quand le Brésil a été choisi pour être le pays hôte du Mondial alors qu’il était en plein boom économique, une situation bien différente aujourd’hui alors qu’il est en récession.

La présidente de gauche, Dilma Rousseff, vient d’être destituée par le Sénat dans le cadre d’une procédure controversée qu’elle qualifie de « Coup d’Etat » et son prédécesseur Lula, à la tête du Brésil quand on lui a attribué l’organisation des plus grands évènements sportifs de la planète, est accusé de corruption.

L’héritage du Mondial 2014 et des JO 2016 ne fait pas l’unanimité: certains y voient le risque que les coûteuses installations sportives se transforment en éléphants blancs, d’autres font l’éloge des nouvelles infrastructures qui ont transformé certaines villes et Rio en particulier.

La violence et le chômage seront d’autres problèmes à résoudre.

Troupeau d’éléphants!

Le Mondial de foot s’est déroulé dans 12 villes du géant sud-américain, certaines en Amazonie, sans tradition de football, où les stades sont devenus des constructions inutiles.

Ce sont précisément les 8 milliards de réais (3,4 milliards de dollars) investis dans leur construction qui avait conduit des centaines de milliers de personnes à manifester dans les rues du pays en 2013 pour réclamer autant d’argent pour améliorer les hôpitaux, les écoles et les transports.

Le Mondial a coûté 25,5 milliards de réais (près de 11 milliards de dollars) aux deniers publics, l’édition la plus chère de l’histoire, mais les Jeux 11,5 milliards, moins que ceux de Londres-2016 ou Pékin-2008 et, de plus, financés à 57% par le privé.

Les autorités répètent qu’il n’y aura pas d’infrastructures délaissées après les Jeux et qu’elles feront des appels d’offres de cession au privé pour l’exploitation des stades et les centres sportifs publics.

« L’industrie locale est si petite comparée à la dimension de ces évènements. Quelle société privée voudrait gérer un vélodrome quand ici le public aime avant tout le football? Nous courons le risque d’avoir à Rio un troupeau d’éléphants » (blancs), a déclaré à l’AFP Erich Beting, éditeur du blog Negocio del Deporte.

Transformation

Un sondage de la télévision Globo en mars a montré comment des travaux de transport à Sao Paulo, Fortaleza, Cuiaba et Recife qui auraient dû être prêts pour le Mondial 2014 restaient inachevés et abandonnés deux ans après, affectant les populations pauvres.

Rio de Janeiro fait en sorte qu’il n’en soit pas ainsi. Les Jeux étaient une nouvelle chance de transformer la ville qui néanmoins conserve des taux élevés de criminalité, inquiétant les habitants.

Le système de transport public a été élargi et modernisé permettant à 63% de le prendre contre 18% avant, de nouvelles avenues ont été construites ainsi que des logements et des écoles. Des espaces publics ont été rénovés comme la zone portuaire de la ville avec la construction du Musée des Demain par l’architecte espagnol Santiago Calatrava.

« Rio était en décadence, il y a 35 ans qu’il n’y avait pas eu de grande intervention. J’ai vécu à Barcelone et je peux dire que la portée des travaux est un peu moins importante », explique Lamartine da Costa de l’Université publique Verjus.

Cependant, des organisations critiques comme le Comité Populaire des JO assurent que ces évènements ont servi à faire un « nettoyage social » dans la ville.

De 2009 à 2015, 22.059 familles pauvres ont été délogées, la plupart près des zones olympiques. Et à la fin des travaux, 30.000 travailleurs se sont retrouvés au chômage.

Si le Brésil a gagné ou perdu avec les JO, l’avenir le dira.

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