Les agents US enquêtent sur la piste de la radicalisation de Rahami, ici à Elizabeth, New Jersey © Reuters

Attentats de New York et du New Jersey: la piste de la radicalisation

Voyages en Afghanistan/Pakistan, notes évoquant Ben Laden ou un idéologue d’Al-Qaïda: une série d’informations pointaient mardi une possible radicalisation du jeune Américain d’origine afghane arrêté suite aux attaques à la bombe de New York et du New Jersey, même si les enquêteurs restaient d’une extrême prudence.

Le chef de la police new-yorkaise, James O’Neill, est resté muet mardi matin sur les possibles mobiles d’Ahmad Khan Rahami, soupçonné d’avoir posé une cocotte minute bourrée d’explosifs dans le quartier très animé de Chelsea samedi soir, faisant 29 blessés.

Il est aussi soupçonné d’avoir posé une bombe artisanale au passage d’une course à pied à Seaside Park dans le New Jersey samedi, qui n’a pas fait de victimes, et d’avoir planté au total huit autres engins n’ayant pas explosé.

M. O’Neill a souligné que Rahami, 28 ans, blessé par balles lors de la fusillade qui a mené à son arrestation lundi dans le New Jersey, était hospitalisé « dans un état critique mais stable », laissant supposer que les enquêteurs ne pouvaient l’interroger pour l’instant.

Mais de nombreuses informations ont commencé à émerger sur le passé de ce résident d’Elizabeth, dans le New Jersey, né en Afghanistan et arrivé aux Etats-Unis enfant avant d’être naturalisé américain.

Le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a confirmé qu’il était retourné plusieurs fois en Afghanistan et qu’il avait séjourné au Pakistan près d’un an, à Quetta, une ville où les talibans sont très présents, et où il se serait marié en 2011. Il y aurait même eu un enfant, selon un député d’Elizabeth, Albio Sires.

Sa femme pakistanaise aurait quitté les Etats-Unis quelques jours seulement avant les attentats, a indiqué CNN, citant une source policière. Les autorités américaines sont en contact avec le Pakistan et les Emirats arabes unis pour essayer de la retrouver, a-t-on précisé de même source.

Note manuscrite

Ahmad Rahami s’est-il radicalisé lors de ces voyages ?

Des proches du jeune homme, cités lundi par le New York Times, avaient évoqué « un changement de comportement » au retour d’un de ses voyages en Afghanistan.

Bien que la police du New Jersey eut affirmé lundi qu’il n’était « pas sur leur radar », son père, Mohammad Rahami, a indiqué à la presse avoir appelé le FBI en 2014 pour les prévenir que son fils était un terroriste.

Le FBI a enquêté et interrogé Rahami après son retour du Pakistan, sans rien trouver d’anormal, selon un autre député du New Jersey, Donald Payne.

Surtout, les autorités auraient retrouvé sur Rahami un carnet, ainsi qu’une note manuscrite, qui attesteraient de son goût pour les idéologies radicales, selon plusieurs grands médias américains.

Il y ferait référence aux frères Tsarnaev, auteurs de l’attentat à la bombe contre le marathon de Boston qui fit trois morts et 264 blessés en avril 2013, et à Oussama Ben Laden et Anwar al-Awlaqi – l’idéologue d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique tué par un drone américain au Yémen, selon ces médias.

Ahmad Khan Rahami
Ahmad Khan Rahami© Reuters

Rahami avait aussi fait trois mois de prison en 2014 pour avoir agressé l’un de ses frères à l’arme blanche, avant qu’un jury réuni avant le procès décide de ne pas l’inculper.

Les enquêteurs vérifient toujours par ailleurs s’il a vraiment agi seul.

Blotti à l’entrée d’un bar

Les autorités avaient indiqué lundi ne pas rechercher d’autre suspect et n’avoir aucune information sur la présence d’une « cellule » terroriste opérationnelle à New York.

Mardi, M. O’Neill a estimé que le fait qu’il ait été retrouvé par la police blotti à l’entrée d’un bar, était « bon signe qu’il n’avait nulle part où aller ».

Mais il est resté prudent, soulignant que les enquêteurs passaient encore en revue sa famille, ses amis et son activité sur les réseaux sociaux.

Ahmad Rahami a apparemment une grande famille: selon un dépôt de bilan enregistré en 2006 par son père pour leur restaurant fast-food situé à Elizabeth, il aurait sept frères et soeurs. Il aurait aussi deux enfants – l’un de sa femme pakistanaise, l’autre d’une ex-petite amie qui a demandé après les attentats à ce que tout droit de garde lui soit retiré.

Même si les enquêteurs restent silencieux sur beaucoup de ces informations, elles renforcent la crainte de nouveaux attentats, après ceux d’Orlando en juin (49 morts) et de San Bernardino (décembre 2015, 14 morts).

Une crainte alimentée également par l’attaque samedi dans le Minnesota, où un étudiant américain d’origine somalienne a blessé 10 personnes à l’arme blanche dans un centre commercial avant d’être abattu. Elle a été revendiquée par l’organisation Etat islamique, même si aucune information n’a encore filtré indiquant que l’étudiant était radicalisé.

Ces événements ont replacé la question sécuritaire au coeur de la campagne présidentielle.

Le candidat républicain Donald Trump a utilisé les attentats pour fustiger l' »angélisme » supposé de sa rivale démocrate et du président Obama face à l’immigration, tandis qu’Hillary Clinton dénonçait au contraire tout amalgame entre immigrants et attentats.

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