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Attentat de Nice : un modus operandi prôné par Daesh

Le Vif

La méthode utilisée lors de l’attentat de Nice qui a fait 84 morts et des dizaines de blessés, si elle est d’une ampleur inédite, n’est pourtant pas une première en Occident.

Depuis plusieurs années, Al-Qaïda et le groupe Etat islamique exhortent, à longueur d’articles ou de vidéos sur internet, leurs recrues et leurs volontaires à passer à l’action sans attendre, sans ordres précis, sans organisation pour les entraîner ou les soutenir.

En septembre 2014, le syrien Abou Mohammed Al-Adnani, porte-parole officiel de l’organisation djihadiste État islamique, avait prôné, entre autres, cette méthode dans un long enregistrement sonore, rappelle Le Parisien.

Celui qui est surnommé le « ministre des attentats » par les services de renseignement occidentaux avait exhorté les partisans à agir avec n’importe quelle arme. « Si vous ne pouvez pas faire sauter une bombe ou tirer une balle », affirmait-il, « débrouillez-vous pour vous retrouver seul avec un infidèle français ou américain et fracassez-lui le crâne avec une pierre, tuez-le à coups de couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le d’une falaise, étranglez-le, empoisonnez-le ». Il poussait également chacun à agir de son plein gré : « ne consultez personne et ne cherchez de fatwa de personne ». « Que l’infidèle soit combattant ou civil est sans importance. Leur sentence est la même : ce sont tous deux des ennemis. Leur sang est permis ».

La menace peut donc venir de partout, c’est bien le message que veut faire passer l’organisation au monde occidental, même si à cette heure, l’attentat de Nice n’a pas encore été revendiqué. Il ne fait en tout cas aucun doute qu’il s’agit d’une attaque terroriste comme l’a affirmé le président français François Hollande. D’ailleurs, plusieurs partisans de l’EI se sont déjà réjouis de l’attaque sur les réseaux sociaux, selon Le Figaro.

Une démonstration de la difficulté de lutter contre le terrorisme

« Si on rattache cet acte au terrorisme, cela démontre que peu de moyens et un processus pas très élaboré suffisent pour occasionner un grand nombre de victimes », explique Vincent Seron, criminologue et membre du Centre d’étude sur le terrorisme et la radicalisation (CETR) de l’université de Liège (ULg).

« Nous sommes dans un contexte de haut potentiel victimaire », précise Vincent Seron. « L’individu a trouvé la possibilité, avec un seul acte, d’engendrer un grand nombre de victimes. C’est l’essence même du terrorisme ». Ceci explique tout le problème de la lutte contre le terrorisme. « Il existe une multitude de cibles potentielles et il est impossible de toutes les sécuriser », souligne M. Seron.

« L’élément déterminant reste la motivation à tuer des personnes au hasard et à envisager ou à cultiver le projet de mourir. Les deux se retrouvent dans la radicalisation. Cette motivation fait que l’idée de commettre un tel acte germe, il devient acceptable et justifié aux yeux de l’individu de tuer alors qu’il a été immergé dans une culture où normalement, on ne doit pas tuer ».

Le journaliste David Thomson, spécialiste des djihadistes français, a fait remarqué de son côté via son compte Twitter qu’un combattant français avait demandé jeudi aux partisans de ne plus rejoindre le califat, mais de frapper la France en priorité. « Déchire ton billet pour la Turquie, le firdaws est devant toi, tu manipules deux/trois voyous, tu trouves une arme dans n’importe quel quartier », dit-il dans une vidéo.

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Attaque avec une voiture : deux précédents en Occident

Si la méthode utilisée à Nice est inédite par son envergure, elle n’est pourtant pas une première du genre en Occident, rappelle Le parisien. En mai 2013, deux jeunes nigérians avaient renversé en voiture puis poignardé un soldat britannique à Londres. Lors du procès, l’un des deux attaquants s’était revendiqué en tant que « soldat d’Allah ».

En octobre 2014 au Canada, une jeune de 25 ans avait foncé avec sa voiture sur trois soldats. L’un d’entre eux est décédé et un autre a été blessé dans une banlieue de Montréal. Le terroriste prévoyait de se rendre en Syrie. Il a été abattu par a police.

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