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Attentat de Londres: polémique sur la sécurité, nouvelles arrestations

Le Vif

A trois jours des législatives, l’opposition a demandé lundi la démission de la Première ministre britannique Theresa May accusée de laxisme sur la sécurité après l’attentat qui a fait sept morts à Londres et pour lequel la police a procédé à de nouvelles arrestations.

Le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn a lancé la polémique en accusant Theresa May d’être à l’origine des réductions d’effectifs policiers ordonnées lorsqu’elle était ministre de l’Intérieur (2010-2016).

Comme les deux précédentes, le 22 mars à Londres et le 22 mai à Manchester, l’attaque de samedi a été revendiquée par l’EI, contre qui le Royaume-Uni a effectué ces dernières années des raids aériens en Irak et en Syrie.

Interrogé sur ITV News pour savoir s’il soutenait les appels à la démission de Theresa May, M. Corbyn a répondu: « oui, effectivement, parce qu’il y a eu des appels lancés par beaucoup de gens responsables qui sont très inquiets qu’elle ait été au ministère de l’Intérieur pendant tout ce temps et décidé ces réductions dans les effectifs policiers ». « Nous avons une élection jeudi et c’est sans doute l’occasion de s’en occuper », a-t-il ajouté.

Dans le même temps, les enquêteurs ont progressé dans l’enquête et « un certain nombre de personnes ont été arrêtées » lors de deux nouvelles perquisitions à Newham et à Barking, un quartier multi-ethnique de l’est de la capitale, a indiqué la police.

Dimanche, elle avait déjà arrêté à Barking 12 personnes, sept femmes et cinq hommes âgés de 19 à 60 ans. Un homme de 55 ans a ensuite été relâché sans être poursuivi.

La police, lourdement armée, a perquisitionné dimanche au domicile de l’un des trois auteurs de l’attaque. Cet assaillant était avec deux complices dans la camionnette qui a foncé sur le London Bridge samedi soir, fauchant plusieurs piétons. Les trois hommes ont été peu après abattus par la police tandis qu’ils lacéraient de coups de couteau passants et fêtards.

« Il s’appelle Abdul, nous l’appelons Abs à la salle de gym locale », a confié à l’AFP Michael Mimbo, un jeune habitant du quartier.

Père d’un bébé de deux semaines

« On l’a souvent vu par ici. Il était sympathique mais soudain il a changé ses habitudes, il n’agissait plus comme d’habitude. Il n’était pas agressif. Mais, dernièrement, lui qui avait l’habitude de bavarder ne disait plus que bonjour-au revoir », a déclaré à l’AFP Salahudeen, un moniteur d’auto-école.

« Il avait deux enfants, l’un de trois ans environ et une petite fille née il y a tout juste deux semaines », a-t-il précisé.

La police britannique n’a jusqu’ici pas confirmé de liens directs entre les auteurs des attentats et le groupe jihadiste, se contentant de parler d’actes inspirés par l’extrémisme islamiste.

En dépit de l’attentat, les élections législatives prévues jeudi sont maintenues. Même fragilisée, Theresa May, dont le parti conservateur reste en tête des sondages, espère en sortir avec une majorité renforcée avant d’aller négocier la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne avec Bruxelles.

Le quartier de Borough Market où s’est produite l’attaque restait profondément meurtri mais les Londoniens affichaient leur détermination à relever la tête.

Grace McGillick, qui travaille dans les ressources humaines non loin de là, a décidé de conserver son flegme. « Il n’y a pas de raison d’avoir peur. Il faut plutôt adopter une attitude de défi » face au terrorisme, estime-t-elle.

L’image d’un homme quittant la scène des attentats samedi soir sa pinte de bière à la main a fait le tour des réseaux sociaux, illustrant la volonté de résilience de la capitale britannique. Le cliché a été pris au moment où des centaines de personnes fuyaient le quartier alors que les assaillants fonçaient dans la foule avec une camionnette avant de poignarder des passants, faisant 7 morts et 48 blessés.

Quelque 36 personnes restaient hospitalisées lundi matin, dont 21 dans un état « critique », d’après le service de santé NHS.

Les tirs nourris de la police, plus de cinquante, ont aussi blessé un passant, a précisé Scotland Yard.

‘Je n’ai pas peur’

Parmi les personnes tuées figurent un Canadien et un Français. Un autre Français est porté « disparu », a dit le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, attendu à Londres lundi pour y rencontrer les familles des victimes, des blessés, et son homologue Boris Johnson.

Au total sept Français ont été blessés, dont quatre grièvement, ainsi que deux Allemands dont l’un grièvement, deux Australiens, un Néo-Zélandais, un Bulgare et un Espagnol.

Les Londoniens devaient rendre hommage aux victimes lundi au cours d’une veillée à 18H00 (17H00 GMT) et une minute de silence sera observée mardi à 11H00 (10H00 GMT).

Lire aussi: Ce que l’on sait des victimes de l’attaque de Londres

Le président américain Donald Trump a lui alimenté la polémique avec le maire de Londres Sadiq Khan, l’accusant d' »excuse pathétique » et d’avoir « dû trouver une explication rapide à sa déclaration +Pas de raison de s’alarmer!+ ».

Londres avait été frappée par une autre attaque fin mars, déjà commise à l’aide d’un véhicule, une voiture, et d’un couteau. Puis, le 22 mai à Manchester, 22 personnes sont mortes dans un attentat-suicide à la sortie d’un concert de l’Américaine Ariana Grande.

De retour à Manchester, Ariane Grande s’y est produite dimanche soir avec notamment Justin Bieber, Coldplay et Pharrell Williams pour un concert géant en hommage aux victimes.

« Je n’ai pas peur. Ils ne changeront pas ma vie », a assuré lundi à l’AFP Oliver Sayers, un consultant de 27 ans en chemin pour son travail dans les rues de la City de Londres.

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