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Attentat à Nairobi: les Shebab « tiraient sur les gens sans rien demander »

Le Vif

Les premiers témoignages des rescapés de l’attentat de Nairobi nous parviennent alors que l’intervention des forces armées se poursuit dans le centre commercial, plus de 24 heures après le début de l’attaque perpétrée par des terroristes islamistes somaliens.

Alors que l’armée se prépare à un assaut final pour mettre un terme à l’attaque terroriste qui a tué au moins 59 personnes dans le centre commercial de la capitale kenyane, arrivent les premiers témoignages des rescapés.

Nahashon Mwangi était à son travail lorsqu’il a reçu un appel désespéré de son fils, piégé d’interminables heures dans le centre commercial de Nairobi attaqué par un commando islamiste. « Papa, je suis blessé au cou et à la main. Je saigne. Viens m’aider! », le supplie son fils de 21 ans à l’autre bout du fil.

Nahashon Mwangi saute immédiatement dans sa voiture et fonce vers le centre commercial Westgate, théâtre du drame. Se retrouvant coincé dans les embouteillages, il rappelle son garçon. « Ne m’appelle plus! Je veux juste que tu me sortes d’ici. S’ils m’entendent parler, ils vont me tuer! », lui dit son fils. « Cela m’a pris une heure pour arriver là-bas », raconte Nahashon Mwangi. Mais la police a bouclé la zone. « Je pleurais et suppliais les policiers de me laisser sauver mon fils. J’ai crié et pleuré comme un enfant mais ils ne m’ont pas laissé passer ».

Cinq longues heures plus tard, le fils de Nahashon Mwangi est finalement localisé: il a été évacué par les policiers et les militaires progressant prudemment mètre par mètre dans le centre commercial, magasin par magasin. Il a été transporté à l’hôpital universitaire Aga Khan et opéré en urgence.

Nahashon Mwangi « prie pour qu’il se rétablisse ». « Mais pourquoi ces gens nous ont fait ça? », s’interroge-t-il.

« C’était comme dans un film »

Zipporah Wanjiru, employée du « Westgate Mall », elle aussi s’en est sortie, mais elle est complètement en état de choc. « Ils parlaient une langue que je ne comprenais pas », dit-elle à propos des assaillants. « Je ne comprenais rien, mais le son de leurs voix était effrayant ».

Avec cinq de ses collègues, elle s’est cachée sous une table. « Ils tiraient partout, c’était comme dans un film, on voyait les gens pulvérisés par les balles », raconte-elle en éclatant en sanglots.

Pour Titus Alede, autre survivant, c’est « un miracle de Dieu » s’il a pu échapper aux terroristes. « J’étais en train de servir des clients quand ils sont arrivés. Ce n’est pas l’argent qu’ils cherchaient. Ils tiraient sur les gens, sans rien leur demander. Je me souviens qu’ils ont dit « vous avez tué notre peuple en Somalie, nous vous faisons payer maintenant » », raconte-t-il. « Voyant la mort venir », il a tenté le tout pour le tout et a sauté par la fenêtre du premier étage, s’en sortant indemne.

Cachée sous une voiture toute la nuit

Une autre survivante de la tragédie, Cecilia, a passé toute la nuit cachée sous une voiture dans le parking souterrain du centre commercial, frigorifiée et morte de peur, avant d’être secourue par des soldats.

Quand les assaillants sont arrivés, « nous nous sommes mis à courir pour nous échapper, mais ils ont commencé à tirer. Il y avait un jeune homme avec un pistolet qui tirait sans arrêt. Quelques personnes ont été blessées, certains ont été tuées Alors j’ai couru vers le sous-sol et je me suis mise sous une voiture ». Ce n’est que 20 heures plus tard, grelottante et bouleversée, qu’elle a pu sortir indemne du Wesgate.

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