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Attentat à Charlie Hebdo : le dispositif de sécurité était-il trop léger ?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Ce jeudi soir sur France 2, Envoyé spécial a diffusé une enquête sur les dispositifs de sécurité mis en place devant la rédaction de Charlie Hebdo au moment de l’attentat.

L’enquête a été réalisée par les journalistes de l’agence Premières Lignes, voisine des locaux de Charlie Hebdo. « C’est une enquête que nous aurions aimé ne jamais faire », explique l’un des patrons de l’agence au début du reportage. Ces mêmes journalistes avaient d’ailleurs diffusé les premières images des assaillants sur le web, alors qu’ils étaient réfugiés sur un toit.

Plusieurs repérages

En septembre dernier, un journaliste de l’agence a remarqué une voiture roulant à faible allure dans la rue del a rédaction de Charlie Habdo, située dans le 11e arrondissement de Paris, raconte L’Obs. Un homme seul c’était arrêté et avait demandé : « C’est bien ici qu’on critique le prophète ? » « On va leur apprendre… On les surveille », avait-il ajouté. Interloqué, le journaliste qui a décrit l’homme avec « une détermination sans faille », a noté la plaque d’immatriculation et en a fait part à un des policiers chargés de la protection de Charb, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo. Le policier en aurait lui-même fait part aux autorités compétentes qui n’auraient, après vérification, rien trouvé d’inquiétant.

Le reportage d’Envoyé Spécial révèle également que cette scène de repérage n’a pas été unique. Saïd Kouachi, l’aîné des frères, et Amédy Coulibaly auraient séparément inspecté l’immeuble de Charlie Hebdo quelques semaines avant l’attentat. Plusieurs témoignages ont affirmé les avoir croisés.

Des mesures de sécurité depuis 2006

Depuis la publication de la caricature de Mohamed en Une de Charlie Hebdo en 2006, Charlie Hebdo était devenu la cible de nombreuses menaces. Des mesures de sécurité ont donc été prises autour de la rédaction. Un car de gendarmerie est stationné en permanence devant l’immeuble. Philippe Val, le patron de l’hebdomadaire et le dessinateur Cabu, auteur du dessin du prophète, sont placés sous protection policière.

En 2011, lors de la sortie du numéro spécial « Charia Hebdo », la rédaction (nouvellement installée dans le 20e arrondissement) est incendiée par un Cocktail Molotov.

En 2013, Charb devient officiellement une cible privilégiée d’Al Qaeda. Il est alors mis sous la protection de trois gardes 24 heures sur 24, pendant 6 mois. Ensuite, ils ne seront plus que deux pour des raisons budgétaires.

En juillet 2014, Charlie Hebdo déménage une nouvelle fois pour se rapprocher du centre et s’installe dans le 11e arrondissement. L’immeuble, assez vieux, dispose de nombreuses entrées qui permettent de nombreux va-et-vient, selon L’Obs. Volontairement, le nom du journal n’est pas inscrit sur la porte par mesure de précaution. Pourtant, on pouvait encore trouver l’adresse de Charlie Hebdo dans les pages jeunes jusqu’en décembre.

Un dispositif allégé depuis septembre

En septembre dernier, la voiture de police stationnée devant l’immeuble a laissé place à une ronde toutes les 30 minutes. Cette mesure est jugée plus efficace par la Préfecture Police. Au moment de l’attaque, Charb était avec un seul policier, son collègue s’étant absenté pour aller à la boulangerie. La situation n’avait cependant rien d’illégal, puisque le rédacteur en chef ne devait être accompagné par deux policiers que lors de ses déplacements.

Le dispositif renforcé depuis les attaques

Depuis le drame, le dispositif de sécurité a été largement renforcé. Des barrières de sécurités ont été installées sur le trottoir, un car de police ou de gendarmerie est sur place avec 5 ou 6 policiers. Selon l’ancien commissaire de police du service de la protection, interrogé dans le reportage d’Envoyé Spécial, c’est le dispositif mis en place depuis les attentats qui serait le plus efficace.

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