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Armes chimiques en Syrie: les USA ne se prononcent pas, Reynders « convaincu »

Le Vif

Les Etats-Unis ne sont pas en mesure « pour l’instant » de dire avec certitude s’il y a eu recours à des armes chimiques en Syrie. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders s’est dit « convaincu » alors que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avertit que l’utilisation d’armes chimiques constituerait un « crime contre l’humanité » aux « graves » conséquences.

« A ce moment précis, nous sommes incapables de déterminer de manière définitive que des armes chimiques ont été utilisées », a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Jennifer Psaki, ajoutant que « le président (Barack Obama) avait ordonné aux services de renseignement de rassembler au plus vite des informations supplémentaires » sur ces allégations.

« Nous sommes concentrés à chaque minute de chaque jour depuis ces évènements d’hier (mercredi) pour faire tout ce qui est en notre pouvoir afin d’établir les faits », a ajouté la responsable.

Si les Etats-Unis concluaient que le régime syrien avait eu effectivement recours à ces armes chimiques, ce serait alors « une escalade flagrante et scandaleuse », a encore dit Mme Psaki.

La Maison Blanche était sous la pression jeudi de la presse et de parlementaires pour qu’elle réplique avec force après l’usage présumé d’armes chimiques par le régime syrien contre la rébellion et des civils.

Hollande: « l’usage probable »


Le président français François Hollande a évoqué jeudi « l’usage probable d’armes chimiques » dans un entretien téléphonique avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, selon l’Elysée. Et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a plaidé pour une « réaction de force » en Syrie.

Le secrétaire d’Etat John Kerry s’est entretenu jeudi avec M. Fabius, a rapporté la porte-parole du département d’Etat.

Reynders « convaincu que des armes chimiques ont été employées »

Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders s’est exprimé jeudi en faveur d’une enquête internationale quant à la possible utilisation d’armes chimiques dans la banlieue de Damas mercredi. « Je suis convaincu que des armes chimiques ont été employées en Syrie. Toute la question est de savoir qui les a utilisées et dans quelle ampleur », a déclaré le ministre en marge d’une visite au Caire.

Le chef de la diplomatie belge a rencontré jeudi le secrétaire général adjoint des Nations Unies Jeffrey Feltman. Ils ont évoqué la question des armes chimiques en Syrie. « Il faut vérifier cela », a estimé M. Reynders, qui souhaite une enquête menée par des experts de l’ONU. Il ajouté être convaincu que des armes chimiques sont employés en Syrie, sans toutefois disposer de suffisamment d’informations pour déterminer l’auteur de ses attaques et leur ampleur.

Il a par ailleurs rappelé l’initiative belge visant à permettre l’accès aux lieux médicalisés, aussi bien dans les zones contrôlées par le régime de Bachar el-Assad que dans celles dominées par les rebelles. Cette initiative a été louée par M. Feltman, a-t-il précisé.

M. Reynders a par ailleurs réitéré le refus de la Belgique d’envoyer des armes en Syrie et précisé que, en cas d’intervention internationale, la Belgique n’enverrait pas de troupes en Syrie.

Le conflit syrien a fait plus de 100.000 morts depuis son éclatement en 2011, selon l’ONU.

L’utilisation d’armes chimiques constituerait un crime contre l’Humanité

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a réclamé vendredi que les inspecteurs de l’ONU actuellement en Syrie puissent enquêter sur les attaques présumées au gaz toxique près de Damas, avertissant que l’utilisation d’armes chimiques constituerait un « crime contre l’humanité » aux « graves » conséquences. Une offensive a eu lieu mercredi dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs en périphérie de Damas aux mains des rebelles, qui a fait un nombre de victimes encore indéterminé.

L’opposition a évoqué 1.300 morts et accusé le régime d’avoir mené ces attaques avec des gaz toxiques. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et médecins, a lui comptabilisé 170 morts et n’a pu confirmer l’utilisation d’armes chimiques. Cette ONG a cependant affirmé que le régime avait violemment bombardé cette région mercredi, puis jeudi. Un haut responsable de la sécurité à Damas a de nouveau démenti jeudi les allégations d’utilisation d’armes chimiques en déclarant à l’AFP qu’utiliser ces armes, alors même que des experts de l’ONU se trouvent en Syrie, aurait été « un suicide politique ».

« Toute utilisation d’armes chimiques, où que ce soit, par qui que ce soit, et quelles que soient les circonstances, violerait le droit international. Un tel crime contre l’humanité devrait avoir de graves conséquences pour celui qui l’a perpétré », a prévenu Ban Ki-moon. Ban Ki-moon, à l’instar de nombreux pays occidentaux et ONG, a une nouvelle fois réclamé que l’équipe d’inspection de l’ONU puisse enquêter sur ces attaques.

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