Septembre 1973. Le président français Georges Pompidou, qui trinque avec le Premier ministre chinois Zhou Enlai, est déjà très gravement malade. © JACQUES CUINIÈRES/PHOTO NEWS

Après une longue maladie tenue secrète, Georges Pompidou s’éteint le 2 avril 1974

Les communiqués étaient devenus trop nombreux pour être rassurants. Les « grippes » à répétition ne convainquaient plus grand-monde. Quelque chose de louche était en train de se passer. Quelque chose de grave allait se produire. Et pourtant, ce 2 avril, vers 22 heures, lorsque les médias annoncent la nouvelle, l’émotion est vive au sein de la population. Le doute n’est toutefois pas permis : le président de la République française est mort.

 » Waldenström  » : tel est le nom de la maladie. Une maladie du sang. Une sorte de leucémie. En 1969, quelques mois après son entrée en fonction, Georges Pompidou apprend qu’il en est atteint. Il décide de se taire. Dès 1972, Paris bruisse néanmoins des premières rumeurs. Elles sont alimentées par des signes discrets. Des détails. Comme ce visage légèrement enflé. Ou cette apparition un peu trop fugace aux voeux de l’Elysée. Mais aussi ce désir de transformer le septennat en quinquennat. Comme si ces sept années risquaient d’être trop longues…

En public, Pompidou rencontre Mao, Nixon, Brejnev. En coulisse, il se repose et tente de récupérer. La crise est gérée à coups de cortisone et de mensonges. Le 20 mars 1974, Pompidou préside encore un conseil des ministres. Avec peine. Comment lutter contre l’inflation ? Lui, c’est contre la douleur qu’il se bat. Sans cesse, il change de position, tandis que son visage change de couleur. Au bout de deux petites heures, les débats sont clos et Pompidou se retire dans ses appartements. Peu après, il fait appeler Edouard Balladur. Le secrétaire général de l’Elysée est un proche du président. Il le découvre prostré, la tête enfoncée dans son poing. Pompidou se montre tel qu’il est vraiment.  » Cela ne pourra plus durer très longtemps, lâche-t-il. Préparez un communiqué pour dire que je n’assisterai pas au dîner diplomatique, demain soir.  » Le lendemain, Pompidou ne peut dîner avec les diplomates étrangers. Moins de deux semaines plus tard, il meurt.

 » Récemment, un bulletin de santé avait annoncé que le président souffrait d’hémorroïdes, mais on savait qu’un autre mal, incomparablement plus grave, le minait « , lit-on dans Ouest-France, en ce 3 avril. Tandis que le secret de polichinelle est publiquement éventé, plusieurs crient au scandale.  » Il est certain que Pompidou aurait dû démissionner « , proclament-ils.  » Jusqu’au bout, il demeura lucide « , rétorqueront les autres.

Pompidou n’est pas encore enterré que les ambitions se dévoilent brutalement. Voilà que les Chaban- Delmas, Messmer et Giscard d’Estaing se disputent le trône. Giscard annonce que, président, il publiera deux bulletins de santé par an. Une fois élu, il oublie pourtant son engagement. Plus tard, Mitterrand promettra aussi la transparence. Le socialiste en aura une conception assez personnelle : les bulletins de santé du président, signés par son médecin personnel, seront remplis de mensonges. Ce n’est d’ailleurs qu’à sa mort que les Français auront connaissance de la maladie qui le rongeait.

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