Ani Choying Drolma © CC BY-SA 3.0

Ani Choying Drolma : une nonne devenue rock star

Stagiaire Le Vif

Qui est la  » Mère Teresa  » népalaise, enfant battue devenue nonne, avant de percer dans la musique et d’être élue première ambassadrice UNICEF de son pays ?

Ani Choying Drolma n’a jamais été poignardée par son père dans un de ses nombreux excès de rage. Cette légende urbaine s’est amplifiée pendant les vingt années durant lesquelles la chanteuse a raconté son incroyable destin aux journalistes. Pourtant, son histoire n’a pas besoin d’être exagérée, tant elle est hors du commun.

Il faut dire qu’à 45 ans, la nonne qui a signé 12 albums et donné des concerts partout dans le monde est devenue la première ambassadrice de l’UNICEF au Népal. Célibataire et sans enfants, comme l’exige son statut religieux, elle dédie aujourd’hui sa vie aux jeunes défavorisés.

Une enfance difficile

C’est sous les coups de son père que Drolma grandit. « Des petites choses pouvaient l’irriter et l’amener à nous frapper, ma mère et moi » explique cette fille de réfugiés tibétains à CNN. « Aujourd’hui, je vois cela comme une maladie dont il a souffert ».

À peine âgée de 10 ans, c’est le coeur rempli de peur et de rage qu’elle décide de devenir nonne bouddhiste. Un moyen pour elle de ne pas avoir à se marier, et d’éviter d’être battue. Trois ans plus tard, s’est donc avec l’accord de ses parents que Drolma rejoint le monastère local et abandonne sans hésiter, ses cheveux, ses vêtements et son nom de jeune fille : Dolma Tsekyid.

« Quand je me suis rasé la tête, je me suis sentie libre, je pouvais sentir l’air ».

Pour Drolma, le monastère de Nagi Gompa situé dans la vallée de Katmandu était un petit coin de « paradis ». Fini l’époque où elle devait porter ses petits frères sur son dos, subir les coups de son père et faire le ménage. « On me rendait mon enfance », avoue-t-elle.

La rencontre qui a changé son existence

En 1993, le producteur américain Steve Tibbetts se rend au monastère de Nagi Gompa pour une retraite spirituelle. Le dernier jour de sa visite, l’un des traducteurs lui demande d’enregistrer le chant d’une nonne. La vocaliste en question est Drolma, alors âgée de 22 ans. Sa performance laisse M. Tibbets ébahi. Au point qu’il oublie d’appuyer sur bouton « enregistrer ».

De retour aux États-Unis avec une cassette de Drolma, le producteur compose une mélodie à la guitare pour poser la voix de la jeune nonne et l’envoie au Népal, suggérant une collaboration pour un album.

Les tournées, la célébrité, l’argent et l’engagement

Son premier album, « Cho », produit avec l’aide de Joe Boyd, qui a notamment travaillé avec le groupe Pink Floyd cartonne. Une tournée de 22 concerts aux États-Unis est planifiée. Même si le fait d’obtenir un visa avec un passeport classé 98e dans l’index des restrictions, à côté du Soudan ou de l’Iran, reste aussi exceptionnel que rare.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

La tournée est un succès et les entrées financières sont à la hauteur de sa réussite. Ce qui lui permet de réaliser ses rêves les plus fous. En 1998, Drolma fonde la « Nuns’ Welfare Foundation (NWF) », deux ans avant d’ouvrir le pensionnat libre de Arya Tara à Katmandu pour les jeunes nonnes, géré exclusivement par des femmes. Et contrairement à ce que l’ont peut généralement observer dans les monastères traditionnels, les maths, les sciences et l’anglais font partie intégrante de l’éducation des jeunes filles. Certaines parviennent même à accéder à de hautes études.

Une vie dédiée à celles des autres

Drolma comprend vite que son talent peut lui permettre de financer ses fondations. Elle sortira alors presque un album par an dans les années 2000 et l’investira dans ses oeuvres caritatives.

« Je suis la première nonne du Népal à envoyer des enfants en robe de nonnes dans des collèges normaux », dit-elle à CNN. Avant d’expliquer qu’ils n’avaient « jamais reçu ce genre d’encouragement auparavant ».

Weekend with the kids. #youngest-member #lobsang #sheissocute #aryataraschool #anichoying #behappy #sharehappiness

Une publication partagée par Ani Choying Drolma (@anichoyingdrolma) le

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

En 2010, sa fondation NWF se développe et fournit des services médicaux aux personnes souffrant de maladies rénales. Elle parviendra même, à force de lobbying, à pousser le gouvernement à offrir des dialyses gratuites aux Népalais les plus pauvres. Une volonté d’agir qui lui vient de la perte de sa mère, décédée d’une maladie rénale.

Quatre ans plus tard, Drolma est désignée première ambassadrice nationale de l’UNICEF au Népal. Son rôle est de protéger les jeunes népalais de la violence. Un défi qui demandera du temps à être réalisé dans un pays où 33,9 % des enfants vivent dans la campagne et 9,1 % dans des bidonvilles, et doivent travailler dès le plus jeune âge.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Grégory Sacré

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire