Vladimir Poutine, le 27 mars 2018 © Reuters

Affaire Skripal: Moscou prend des mesures de représailles contre les pays européens

Le Vif

Les premières mesures de représailles contre les pays européens ayant décidé la semaine dernière des expulsions de diplomates russes dans le cadre de l’affaire Skripal ont été annoncées jeudi à Moscou.

Les ambassadeurs de nombreux pays de l’Union européenne parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne ont été convoqués au ministère russe des Affaires étrangères, où ils se sont vus notifier les mesures prises à leur encontre.

L’ambassadrice des Pays-Bas Renée Jones-Bos a été la première à annoncer, en sortant du siège de la diplomatie russe, quelle sanction avait été prise contre son pays. « Deux de mes collègues quittent Moscou. Mais nous (l’ambassade, ndlr) restons ici », a-t-elle déclaré, une mesure équivalente à celle annoncée par La Haye le 20 mars.

La porte-parole de la diplomatie lituanienne, Rasa Jakilaitiene, a annoncé à l’AFP que l’ambassadeur lituanien s’est vu notifié « l’expulsion de trois diplomates de l’ambassade », une mesure là aussi équivalente à celle prise par Vilnius.

Moscou a aussi décidé de nouvelles mesures contre la Grande-Bretagne, donnant un mois à Londres pour réduire son personnel diplomatique en Russie au même nombre que celui des diplomates russes présents au Royaume-Uni.

Le 17 mars, Moscou avait déjà annoncé l’expulsion de 23 diplomates britanniques et ordonné la fermeture du British Council et du consulat britannique de Saint-Pétersbourg.

Vendredi, la Russie s’est défendue d’être responsable de cette « guerre diplomatique » qui s’envenime. « Ce n’est pas la Russie qui a engagé une guerre diplomatique (…), ce n’est pas la Russie qui a initié un échange de sanctions ou un échange d’expulsion de diplomates », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Les Etats-Unis avaient été le premier pays à apprendre, jeudi soir, l’expulsion de 60 de ses diplomates en réponse aux mesures équivalentes prises par Washington après l’empoisonnement le 4 mars au Royaume-Uni d’un ex-agent double russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia.

Londres impute à la Russie cet empoisonnement avec un agent neurotoxique, malgré de multiples démentis de Moscou, qui clame son innocence.

Les 60 diplomates américains expulsés (58 employés de l’ambassade à Moscou et deux du consulat général des Etats-Unis à Ekaterinbourg dans l’Oural) « ont été déclarés +persona non grata+ pour activités incompatibles avec leur statut diplomatique » et ont une semaine pour quitter la Russie, selon le ministère russe des Affaires étrangères, qui a également ordonné la fermeture d’ici samedi du consulat général des Etats-Unis à Saint-Pétersbourg (nord-ouest).

« Il n’y a aucune justification à la réaction russe », a aussitôt déploré la porte-parole du département d’Etat américain, Heather Nauert, en assurant que les Etats-Unis se réservaient « le droit d’y répondre » en examinant différentes « options ».

« Nous ne sommes pas d’accord avec cette appréciation », a réagi M. Peskov: « La Russie a été obligée de prendre des mesures de rétorsion en réponse aux actes inamicaux et illégitimes » de Washington, a-t-il souligné.

Le président russe Vladimir Poutine « reste partisan du développement de bonnes relations avec tous les pays, y compris les Etats-Unis », a assuré M. Peskov.

Mesures identiques

Au total, dans le cadre de mesures de rétorsion sans précédent coordonnées entre Occidentaux, plus de 140 diplomates russes en Europe, en Amérique du Nord, en Ukraine ou en Australie doivent être expulsés.

« Pour rétablir la vérité », la Russie a également demandé la convocation d’une « session extraordinaire » du Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), selon M. Lavrov, qui a appelé jeudi les Occidentaux à avoir « une conversation honnête » avec les Russes sur l’empoisonnement de Skripal et de sa fille.

« La Russie souhaite une enquête objective et impartiale », a expliqué vendredi Dmitri Peskov, en réitérant que Moscou « n’est catégoriquement pas d’accord avec les accusations l’impliquant dans cet incident ».

A Saint-Pétersbourg, ancienne capitale impériale russe, l’évacuation des meubles et des cartons était en cours vendredi au consulat général des Etats-Unis, à la veille prévue de sa fermeture, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Pourquoi fermer un consulat? », s’interroge Natalia Afanassieva, 60 ans, qui habite à côté. « C’est triste ce qui se passe en ce moment dans la politique internationale », a-t-elle confié à l’AFP.

« On n’a pas le choix, on nous insulte, et il ne faut pas tolérer cela », a assuré pour sa part, Sergueï Grigoriev, 38 ans, en passant devant le bâtiment.

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