© ABC

Affaire DSK : la version de Nafissatou Diallo

Dans Newsweek, la victime présumée de Dominique Strauss-Kahn sort de son silence et raconte ce qui se serait passé, selon elle, dans la suite 2806 du Sofitel de New York.

Nafissatou Diallo, la femme de chambre de l’hotel Sofitel par qui le « scandale DSK » est arrivé, brise enfin son silence. L’hebdomadaire Newsweek publie une interview exclusive de la mystérieuse victime présumée, en Une de son édition datée du 25 juillet. La chaîne ABC diffusera ce lundi matin aux Etats-Unis une autre interview de Nafissatou Diallo, enregistrée la semaine dernière.

Pour la première fois, l’immigrée guinéenne parle aux médias américains et décrit avec des détails parfois crus sa rencontre avec l’occupant de la suite 2806, le 14 mai 2011 vers midi. Les journalistes de Newsweek qui l’ont rencontrée décrivent une femme « qui ne sait ni lire ni écrire » mais résolue à laver son nom. « A cause de lui, on me traite de prostituée. Je veux qu’il aille en prison. Je veux qu’il sache qu’il y a des endroits où vous ne pouvez par utiliser votre pouvoir, où vous ne pouvez pas utiliser votre argent. »

Son récit rapporté dans le long article de Newsweek correspond aux éléments préliminaires de l’enquête policière mais y apporte une touche personnelle. « Hello? Housekeeping. » Après avoir prévenu de son arrivée dans la suite 2806 qu’elle croyait vide, la femme dechambre aurait été surprise quand un homme aux cheveux blancs est sorti de la chambre, complètement nu. « Oh mon dieu, je suis désolée », se serait-elle exclamée, confuse en tournant les talons. « Vous ne devez pas vous excuser », lui a répondu Dominique Strauss-Kahn, qui avait l’apparence d' »un fou » selon Nafissatou Diallo. L’ancien président du FMI se serait alors jeté sur elle, lui agrippant les seins, avant de claquer la porte de la suite. « Vous êtes magnifique », lui aurait alors susurré Strauss-Kahn tout en la traînant vers la chambre. « Monsieur, arrêtez, je ne veux pas perdre mon travail »,supplie-t-elle en tentant de repousser son agresseur.

Mesurant 1,78 m, de forte stature, Nafissatou Diallo raconte ne pas avoir utilisé la force pour se dégager par peur de se faire renvoyer. Le cauchemar se poursuit dans la salle de bain. Son attaquant lui aurait remonté sans ménagement son uniforme pour lui agripper l’entre-jambe avec une telle force qu’elle était encore tuméfiée plusieurs heures plus tard lors de son examen à l’hôpital. Il l’a contraint à s’agenouiller, dos au mur, tout en l’obligeant à lui faire une fellation. « Il me tenait la tête si fort ici », mime NafissatouDiallo en attrapant son crâne à deux mains. Elle décrit les gémissements de DSK « uhh, uhh, uhh ». « Il m’a dit: suce ma b…. Je ne veux pas dire ce mot », souffle-t-elle honteuse.

Dans son rapport médical, la femme de chambre du Sofitel relate alors avoir « senti quelque chose d’humide et d’acre dans sa bouche », et de l’avoir recraché sur la moquette. Ce témoignage, que la plaignante a répété à plusieurs reprises devant les autorités, avait finalement été jugé peu crédible par le bureau du procureur de New York chargé de son cas. Lors d’interrogatoires, la victime présumée a avoué avoir menti dans le passé, sur sa demande d’asile et sa déclaration d’impôt. Quant à sa relation avec un trafiquant de drogue emprisonné dans l’Arizona, elle dit regretter et avoir depuis coupé les ponts avec lui: « Il était mon ami et je lui faisais confiance. »

Stéphanie Fontenoy, L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire