Adam Schiff. © REUTERS

Adam Schiff, une plus grande menace pour Trump que le procureur Mueller?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le nouveau président de la commission spéciale permanente du renseignement de la Chambre pourrait bien mettre des bâtons dans les roues du président des États-Unis.

Avec l’arrivée des démocrates à la tête de la Chambre des Représentants, Donald Trump doit faire face à une multitude d’opposants potentiels. Les élus nouvellement installés sont en train d’accélérer les plans visant à examiner la corruption au sein de l’administration Trump ou encore à revoir certaines politiques, comme la séparation des familles de migrants aux frontières du pays. Mais l’enquête la plus menaçante pour le président pourrait être celle menée par Adam Schiff, nouveau président du House Intelligence Committee, qui a déclaré avoir l’intention de se pencher rapidement sur les zones d’ombre que le président cherche à délimiter à propos de l’enquête russe.

Robert Mueller
Robert Mueller© Reuters

Plus de liberté que Mueller

Peu de temps après la nomination du procureur spécial Robert Mueller dans le cadre de l’enquête russe, Donald Trump avait déclaré que si les recherches touchaient la Trump Organization ou les finances de sa famille, cela constituerait une « violation » et qu’il n’hésiterait pas à le faire virer si c’était le cas. Trump estimait jusqu’à présent que cette ligne n’avait pas été franchie.

Mais avec la victoire des démocrates à la Chambre, l’enquête russe dispose d’un nouveau filet de protection. Désormais en mesure de déclencher des enquêtes parlementaires sur les sujets de leur choix, les élus démocrates pourront notamment convoquer des témoins ou réclamer des documents si le procureur Mueller était empêché de le faire. Le visage public de cette enquête sur ses finances personnelles pourrait bien être Adam Schiff, explique The Guardian.

Manifestation à New York en novembre 2018 pour protéger l'enquête du procureur spécial Robert Mueller, dans le viseur du président Donald Trump.
Manifestation à New York en novembre 2018 pour protéger l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, dans le viseur du président Donald Trump. © REUTERS

« Ce qui peut influencer les actions du président »

Adam Schiff fait partie des voix influentes au sein du Parti démocrate, notamment en ce qui concerne la politique étrangère et la sécurité nationale. Diplômé de Stanford et de Harvard, l’homme de 58 ans a commencé sa carrière comme assistant du procureur américain dans le district de Los Angeles. Il est élu comme représentant californien à la Chambre en 2000, où il est en fonction depuis plus de 17 ans. Il est désormais, depuis peu, à la tête du House Intelligence Committee, la commission spéciale permanente du renseignement de la Chambre des Représentants, avec la ferme intention d’enquêter sur les activités de Donald Trump, ses donateurs et ses partenaires aux États-Unis et à l’étranger.

Donald Trump
Donald Trump© Mandel NGAN/BELGAIMAGE

« D’abord et avant tout, je dirais que nous devons aller au fond de tout ce qui pourrait déformer notre politique de sécurité nationale d’une manière contraire à l’intérêt du pays. En tant que décideurs politiques, nous avons besoin de savoir tout ce qui peut influencer les actions du président, afin de protéger le pays », a-t-il déclaré au Lawfare podcast. « L’une des questions qui continuent de m’inquiéter, ce sont les allégations persistantes selon lesquelles les Trump, lorsqu’ils ne pouvaient pas obtenir de l’argent des banques américaines, blanchissaient de l’argent russe. »

La Trump Tower, et son fameux portier
La Trump Tower, et son fameux portier © Reuters

Une tâche délicate

Adam Schiff pourrait notamment utiliser son pouvoir de citer à comparaitre des documents provenant de banques, de compagnies de téléphone ou d’autres sources. Lors d’une interview accordée à la chaine NBC le mois dernier, il a déclaré qu’une des premières questions sur lesquelles il prévoyait d’enquêter est la relation de la Trump Organization avec la Deutsche Bank. « Il est préoccupant de savoir que la Deutsche Bank a des antécédents de blanchiment d’argent russe. Et c’est, apparemment, la seule banque qui était prête à faire affaire avec la Trump Organization. »

Bien qu’il ait déjà montré qu’il n’hésiterait pas à s’opposer à Trump, il devra éviter une guerre partisane pour être un président de comité efficace. Il prend en effet la relève d’une commission dont l’image a été gravement ternie aux yeux du public et, surtout, de la communauté du Renseignement.

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