Carte blanche

Accords Mercosur: « Non au sacrifice de notre agriculture ! »

Les différents accords commerciaux négociés par l’Union européenne représentent une réelle opportunité pour nos entreprises. Mais ils ne peuvent être scellés à tout prix, estime Caroline Cassart, députée fédérale MR.

La publication des derniers indicateurs économiques concernant la Belgique a été une juste récompense pour le travail effectué par ce gouvernement depuis octobre 2014. Notre balance commerciale affiche un solde positif, indispensable pour promouvoir la création d’emplois, l’objectif central du gouvernement Michel 1er.

Économie parmi les plus ouvertes (nous exportons plus de 80 % de notre PIB à l’étranger), la Belgique souffre néanmoins d’une vision trop eurocentrée de son commerce extérieur. La part de l’UE dans les exportations a même encore augmenté, passant de 71,8 % à 72,2 %. Afin de ne pas être davantage tributaires d’un seul marché, nous devons absolument encourager nos entreprises vers l’exportation en dehors du continent.

En ce sens, les différents accords commerciaux négociés par l’Union européenne représentent une réelle opportunité pour élargir les débouchés de nos entreprises. Mais ils ne peuvent se sceller à tout prix.

Nous devons en effet être particulièrement attentifs aux concessions que la Commission européenne accorde dans le secteur agricole, le plus souvent en fin de négociations, afin de parvenir à un accord global. Le monde agricole est au coeur de mon engagement politique depuis toujours. J’ai pu observer de près ses évolutions ainsi que les multiples réformes successives au sein de la PAC.

Je remarque, avec inquiétude, que cette technique de négociation est de nouveau utilisée par la Commission européenne dans le cadre des discussions entre l’UE et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay).

Concessions de dernière minute

On ne peut en effet que constater, et regretter, les concessions en matière d’importation de viande bovine ou d’éthanol discutées en fin de parcours du texte.

Ce genre de procédé m’interpelle, car le modèle agricole du Mercosur reste profondément différent du nôtre, principalement en termes de normes phytosanitaires, de bien-être animal et de protection de l’environnement.

De plus, comme on a pu malheureusement le remarquer, le Brésil doit encore fournir de nombreux efforts afin de garantir sa sécurité alimentaire, où la traçabilité y paraît presque anecdotique.

Constatant ces dernières propositions de la Commission, le Premier ministre Charles Michel a transmis au Président Juncker les sérieuses réserves de la Belgique sur les termes de l’accord concernant le volet agricole.

C’est essentiel, car le monde agricole belge, avec ses hauts standards qualitatifs, ne comprendrait pas que l’Union européenne crée, au travers d’accords commerciaux, les conditions d’une concurrence déloyale sur son propre marché. Alors même que le pays se bat pour assurer une politique cohérente, où l’agriculture familiale puisse bénéficier d’une juste rémunération, à la hauteur de ses exigences qualitatives.

Les dernières concessions de la Commission européenne – sur le boeuf, la volaille, le maïs et le sucre – sont-elles bien conformes au mandat de négociation initial ?

Devant l’emballement final de ces négociations, nous devons trouver des partenaires européens qui partagent nos préoccupations et sont bien décidés à interpeller formellement la Commission européenne avant qu’il ne soit trop tard.

Car derrière ces concessions de contingent tarifaire dans des secteurs aussi sensibles que la viande par exemple, c’est toute la pérennité de l’approvisionnement alimentaire européen qui est en jeu, rien de moins ! Souhaite-t-on payer plus pour une alimentation dont le contrôle de la qualité nous échapperait ?

Il est impératif de ramener de la cohérence entre la politique agricole menée dans l’Union européenne et la politique d’ouverture commerciale effrénée de la DG Commerce.

Le Mouvement Réformateur restera très attentif aux résultats positifs de ces accords commerciaux, qui nous paraissent essentiels, mais ils ne peuvent se conclure au détriment du seul secteur agricole.

Caroline Cassart, députée fédérale MR

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