Abigail et Brittany Hensel, les soeurs siamoises devenues professeures
Depuis leur naissance, ces jumelles siamoises qui ont grandi aux États-Unis ne cessent d’étonner le monde médical. Elles ont aujourd’hui 27 ans et viennent de décrocher leur premier emploi. Retour sur un parcours unique.
Lorsque survient la naissance de jumeaux siamois, leurs chances de survie sont extrêmement minces. Ceux qui ont la chance de vivre, le font souvent au prix de lourds handicaps. Abigail et Brittany sont nées le 7 mars 1990 à Carver, dans le Minnesota. Leurs parents attendaient une petite fille. Les échographies n’avaient laissé apparaître aucune anomalie. Au moment de leur naissance, ce fut le choc pour tout le monde. Les médecins ont annoncé aux parents qu’il était possible qu’elles ne survivent pas plus de 24 heures.
Tous les espoirs reposaient alors sur la manière dont leur corps était composé. Dans leur cas, le hasard a plutôt bien fait les choses. Abigail et Brittany possèdent deux coeurs et deux paires de poumons, les poumons centraux se rejoignent au milieu. Elles ont également deux estomacs, deux moelles épinières, mais un seul intestin, une vessie, un appareil reproducteur, un bassin et deux jambes.
À la naissance, elles possédaient trois bras. Le troisième bras situé au milieu des deux têtes a été amputé quand elles étaient encore bébé, car il avait été jugé inutilisable.
Si elles partagent plusieurs organes, elles ont néanmoins la capacité de diriger chacune la moitié de leur corps. Personne n’est cependant capable de dire comment cela fonctionne. De même, elles ont des sensations uniquement sur la moitié de leur corps, la partie qu’elles contrôlent.
Elles doivent du coup se coordonner en permanence pour marcher (ce qu’elles ont réussi à faire à 10 ans), faire du vélo, jouer du piano et même conduire. Elles ont obtenu leur permis à 16 ans, comme la loi américaine le permet. Mais elles ont dû passer le test chacune leur tour avant d’obtenir leurs papiers.
Les deux soeurs ont grandi et se sont développées de manière totalement inattendue pour les médecins, c’est-à-dire, tout à fait normalement. Pour le monde médical, le cas était totalement incroyable. Elles ont dépassé toutes les attentes que l’on peut avoir lorsque des enfants naissent siamois.
« Leurs personnalités sont inspirantes », raconte leur mère, Patty, dans un documentaire réalisé par la chaîne anglaise Five. « Elles n’abandonnent jamais. Elles essayent encore et encore. Tout ce qu’elles veulent faire, elles finissent par l’accomplir ».
Les séparer n’a jamais été une option, ni pour leurs parents, ni pour le corps médical. L’opération aurait été un énorme risque au vu du nombre d’organes qu’elles partagent et les aurait laissées lourdement handicapées.
Lorsqu’elles ont eu 12 ans cependant, les médecins se sont rendu compte que leurs vies étaient menacées. Elles ont donc dû subir une opération majeure pour agrandir leur cage thoracique trop petite pour éviter des problèmes respiratoires et corriger leurs scolioses. Pour les préserver, leurs parents ont toujours refusé les examens médicaux qui n’étaient pas nécessaires, en dépit de l’intérêt évident de la médecine pour leur cas. Elles sont néanmoins suivies de près par une équipe médicale qui suit leur développement.
Elles ont également suivi une scolarité tout à fait normale. Si elles pouvaient rendre un travail commun, elles ont dû apprendre toutes les deux à écrire.
1.0summer🌞abbyandbrittanyhttps://www.instagram.com/abbyandbrittany2022766941049281107718732870_202276694Instagramhttps://www.instagram.comrich658
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Au-delà de leurs caractéristiques physiques, il est apparu au fil du temps qu’elles ont également certaines connexions psychologiques. Elles sont ainsi capables de terminer une phrase entamée par l’autre ou d’écrire un e-mail conjointement en discutant très peu à haute voix. Elles expliquent elles-mêmes parler d’une seule voix en « je » quand elles chattent sur le net, mais différencier les propos lorsqu’elles ont avis ou un ressenti différent. Une connexion extraordinaire que la médecine est également incapable d’expliquer.
Quand on leur demande si elles auraient préféré être séparées, les filles répondent non. Partager leur corps leur permet d’être en bonne santé et d’accomplir de nombreuses choses qu’elles ne pourraient pas faire sinon, comme du sport. « La meilleure chose à propos du fait d’être siamoise est qu’il y a toujours quelqu’un avec qui parler », explique Abby. « Et tu n’es jamais seule », ajoute Brittany.
En 2012, Abigail et Brittany ont décroché leur diplôme dans une université du Minnesota. Elles viennent aujourd’hui de décrocher leur premier emploi en tant qu’institutrices primaires pour un semestre.
Les enfants n’y voient que des avantages : « lorsque Abby parle à quelqu’un, si j’ai une question je peux juste demander à Brittany », explique une élève. Pour la directrice, engager les filles a été une évidence : « elles sont deux professeures compétentes et dynamiques ». Une fois les présentations faites et les questions posées en présence des élèves, tout s’est déroulé normalement. « C’est devenu une particularité sans importance », affirme la directrice.
Selon leur mère , « les gens devraient regarder Abby et Brittany avec des yeux d’enfant, les accepter pour ce qu’elles sont. Et arrêter d’essayer de comprendre comment ceci ou cela fonctionne. »
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Quant à leur avenir, il reste évidemment incertain. Personne ne peut prédire combien de temps elles vivront ni comment leur santé va évoluer.
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