Abandonné, le Premier ministre australien pourrait perdre son mandat
L’instabilité gouvernementale en Australie a pris un nouveau tour jeudi alors que Malcolm Turnbull, le Premier ministre, a subi une nouvelle contestation de son autorité au sein du Parti libéral. Turnbull cherche à gagner du temps à l’heure où l’opposition travailliste estime que l’Australie ne dispose déjà plus d’un gouvernement fonctionnel.
Le Premier ministre australien s’est trouvé acculé jeudi, après une vague de démissions et un nouvel appel à un vote au sein du parti libéral pour tester son soutien. L’estocade a été portée par son ancien ministre l’Intérieur, Peter Dutton, qui représente l’aile la plus conservatrice de la formation de centre-droit. L’élu du Queensland a demandé un nouveau vote interne, après avoir toutefois perdu un premier scrutin mardi (35-48), estimant que le Premier ministre ne disposait plus du soutien majoritaire des membres du Parti libéral. S’en est suivie une nouvelle vague de démissions, dont celles de poids lourds traditionnellement loyaux à Malcolm Turnbull, comme le sénateur de Perth et ministre des Finances, né en Belgique, Mathias Cormann.
Le chef de gouvernement a consenti qu’une réunion du parti aurait lieu vendredi si une pétition comportant 43 signatures de députés libéraux lui était présentée. Malcolm Turnbull pourrait vraisemblablement perdre son poste durant une telle réunion: dans l’éventualité d’un nouveau vote de méfiance, il ne se présenterait pas comme candidat.
Dans le système australien, le poste de chef du gouvernement revient au leader du plus grand parti. Le principal challenger de M. Turnbull est donc Peter Dutton, ancien policier connu pour son intransigeance en matière de traitement des réfugiés détenus dans des centres offshore et pour son boycott des excuses nationales formulées envers les Aborigènes en 2008. Son éligibilité est toutefois remise en question, et un avis juridique est attendu d’ici la réunion de parti vendredi. Sa popularité est également mitigée.
Pour lui barrer la route, le ministre du Budget Scott Morison et la ministre des Affaires étrangères, plus populaire, se sont aussi profilés jeudi, représentant une frange plus modérée du parti.
Malcolm Turnbull, dont le mandat devrait se terminer contre toute attente cette semaine, a vivement critiqué les tentatives d’intimidation au sein de son parti, évoquant même du harcèlement, pour obtenir un changement de leadership.
Alors que la stabilité politique s’est dégradée en l’espace de quelques jours à Canberra, l’opposition travailliste a estimé que l’Australie ne disposait plus d’un gouvernement capable de fonctionner. Bill Shorten, le président du Labour a décrit un comportement « cannibalistique » du gouvernement « qui se mange vivant ». « Il ne fait pas de doute que les Australiens pensent que le système est cassé. »
Les élections législatives sont prévues l’an prochain en Australie, et les travaillistes commencent à devancer les conservateurs au pouvoir dans les sondages, ce qui a précipité la panique au sein du Parti libéral.