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A Vimy Trudeau commémore les cent ans de la bataille, acte de « naissance » du Canada

« Le Canada est né ici » : sous un soleil radieux et devant 23.000 personnes, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a rappelé la force de l’engagement de son pays 100 ans plus tôt lors de la bataille méconnue de Vimy (nord de la France).

Deux heures durant, dans une cérémonie émouvante au Mémorial national du Canada, les discours d’officiels, dont celui du président français François Hollande, qui a rappelé les « liens forts » unissant les deux pays, ont succédé à diverses représentations théâtrales, musicales et commémoratives.

« Près de 3.600 soldats sont tombés ici » lors de ces trois jours de combat démarrés voici tout juste cent ans, marquant le début de la bataille britannique d’Arras (9 avril-16 mai 1917), et « c’est par leur sacrifice que le Canada est devenu un signataire indépendant du traité de Versailles », a rappelé M. Trudeau.

Pour la première fois, les quatre bataillons canadiens (environ 80.000 soldats) jusque-là incorporés dans l’armée britannique, conduisirent en effet l’assaut de la crête de Vimy, qui contrôlait le bassin minier, sous leurs propres couleurs, gagnant ainsi leurs galons sur la scène internationale.

« Ces hommes n’étaient pas insensibles à la peur, ils souffraient de l’éloignement, de la fatigue, du froid (…) mais ils se sont battus jusqu’à la victoire dans cet endroit qui avait été transformé en forteresse », a poursuivi le Premier ministre canadien, terminant son discours d’un solennel « ne les oublions jamais ».

‘Le nationalisme ne mène qu’à la guerre’

Jeunes élèves, vétérans, personnes en tenue militaire d’époque, principalement canadiens, avaient fait le déplacement pour cet événement essentiel de l’histoire du Canada.

« Au Canada, cette bataille est largement abordée dans les cours d’histoire, c’est le début d’un processus permettant au pays de marcher de ses deux pieds, loin de la Grande-Bretagne, un endroit très important pour nous », raconte ainsi David Hunt, enseignant à Markham (Ontario).

« C’est un sentiment incroyable de marcher ici, de voir que les cratères d’obus sont toujours là… », renchérit Jacob Woodgate, 17 ans, étudiant de Thunder Bay (Ontario).

Après avoir dit « toute sa reconnaissance » aux soldats canadiens, M. Hollande a pour sa part centré son discours sur la coopération actuelle entre Paris et Ottawa « pour faire avancer la cause de l’humanité ».

« C’est ce que nous faisons quand nos pays s’engagent pour répondre aux appels des réfugiés du Moyen-Orient qui recherchent une terre d’asile; (…) quand nous condamnons les massacres chimiques réalisés aujourd’hui par un régime criminel; (…) quand nous luttons contre le terrorisme; quand nos peuples blessés refusent de basculer dans la haine et le rejet; (…) quand nous oeuvrons chaque jour pour faire reculer les discriminations et pour que nos pays continuent d’être des terres de tolérance et de progrès », a-t-il affirmé.

« Le nationalisme ne mène qu’à la guerre et le fondamentalisme à la destruction », a-t-il asséné.

Coquelicot de la paix

Dans la matinée, les deux dirigeants avaient dévoilé à Arras devant 3.000 personnes un monument en hommage aux victimes de la bataille d’Arras en forme de coquelicot, symbole de la paix dans le Commonwealth.

Parmi les personnalités, outre MM. Hollande et Trudeau, figuraient aussi le prince Charles et de ses deux fils, William et Harry, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon et le Premier ministre français Bernard Cazeneuve.

Au printemps 1917, les Alliés, pris dans l’impasse d’une guerre de tranchées, planifient une nouvelle offensive massive : les Britanniques lanceront des attaques de diversion au nord, autour d’Arras à partir du 9 avril, les Français attaqueront une semaine plus tard les lignes allemandes au sud du front, au Chemin des Dames.

En seulement trois jours, les Canadiens parviendront, malgré plus de 3.600 morts et 7.100 blessés dans leurs rangs, à s’emparer de cette crête de 145 mètres de haut.

« A l’échelle de la guerre, atteindre l’objectif en trois jours, c’est exceptionnel, c’est pour ça que cela a été perçu immédiatement comme une victoire », explique à l’AFP l’historien Yves Le Maner. La bataille a permis « d’anéantir l’artillerie allemande et limiter ainsi les autres pertes », même si « les gains de territoires sont faibles », tempère Laurent Veyssière, directeur général adjoint de la mission Centenaire de la Première Guerre mondiale.

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