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A Nice, les blessures toujours à vif des familles brisées par l’attentat

Le Vif

« L’attentat, c’est juste le début d’une série d’épreuves », confie un père endeuillé. Un an après l’attaque au camion bélier qui a fait 86 morts et 450 blessés à Nice le soir du 14 juillet, les blessures sont toujours à vif.

Arrivé sur la Promenade des Anglais huit minutes après le passage du poids lourd qui a foncé sur la foule, Thierry Vimal a vu sa fille de 12 ans mourir sous ses yeux à l’hôpital. Depuis, dit-il, « il y a une déformation du temps, et même de l’espace. Le fait que l’été revienne avec ses odeurs et ses couleurs, ça me remet dedans, c’est comme si ça s’était passé la semaine dernière ». « Quand on me parle de reconstruction, je me demande laquelle? Ca arrive à des gens qui ont les mêmes emmerdes que les autres, et ça suramplifie les problèmes familiaux et professionnels », ajoute-t-il.

Ecrivain et auteur, sa société a fait un chiffre d’affaires dérisoire depuis an. Sa compagne enseignante n’a pas repris le travail. Vendredi, date anniversaire du deuil et jour de commémoration en présence du président de la République, il a choisi l’absence, avec sa compagne et son autre fille de 10 ans. « J’aurais aimé être là, mais de toute façon, je n’aurais pas tenu la journée », dit-il, évoquant la fatigue après « une succession de décisions à prendre et d’événements complètement inattendus ou déstabilisants ».

Au moins 3.000 personnes, comme lui, ont été suivies psychologiquement à Nice depuis l’attentat, dont plus d’un millier d’enfants, selon les spécialistes. Les blessés physiques, ceux qui ont été opérés et suivis à Nice, sont « guéris pour la plupart », indique le Pr Pascal Boileau. « Entre 10 et 20 patients sont toujours en rééducation. Après, il y a de gros traitements sur le plan psychologique car il y a beaucoup de séquelles ». « On a encore en consultation des enfants qui dessinent des scènes violentes où l’on peut voir des personnages coupés, des pistolets, des feux d’artifice avec des gens allongés dessous, ou des enfants tout en noir sur la Promenade », détaille le Pr Florence Askenazy, chef du service de psychiatrie de l’enfant à l’hôpital Lenval.

Un petit garçon n’a pas pris un centimètre en un an. Indemnes, les rescapés ont été traumatisés par la peur ou la vue des corps mutilés. Les images s’estompent mais « ils se plaignent de ne pas fonctionner comme avant, ils disent que quelque chose s’est cassé, qu’on ne réparera pas », conclut le Pr Michel Benoit.

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