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A Cleveland, le sacre de Donald Trump peut commencer

Le Vif

Treize mois après l’improbable entrée en campagne du milliardaire Donald Trump, le parti républicain a ouvert lundi à Cleveland la convention qui l’investira pour la présidentielle du 8 novembre.

Décor rouge, blanc et bleu, gigantesque bandeau défilant alimenté par des tweets à la gloire du parti et du magnat de l’immobilier: près de 2.500 délégués venus de 50 Etats se sont rassemblés dans la Quicken Loans Arena, qui accueille durant l’année les matchs des Cavaliers, fraîchement auréolés du titre NBA.

L’homme d’affaires de 70 ans, qui a créé la surprise en écartant un à un tous ses rivaux républicains durant la campagne des primaires, est attendu dans la soirée dans la vaste enceinte où son épouse Melania, un ancien mannequin d’origine slovène de 24 ans sa cadette, prononcera un discours.

Cette grand messe républicaine de quatre jours, placée sous haute surveillance policière, sera rythmée par une série de manifestations anti-Trump.

A l’ouverture des débats, le président du parti Reince Priebus a proposé une minute de silence en l’honneur des policiers abattus « à Baton Rouge, à Dallas et ailleurs ».

Le thème politique du jour à la convention est la sécurité, aux Etats-Unis et à l’étranger, le fonds de commerce du candidat populiste.

« Nous avons besoin de poigne », a dit Donald Trump lundi dans une interview sur Fox News. « Nous avons besoin de quelqu’un capable d’emmener le pays ».

Faisant mine, dans une formulation alambiquée, d’analyser le « langage corporel » de Barack Obama, premier président noir de l’histoire des Etats-Unis, il a affirmé qu’il « se passait quelque chose » chez ce dernier lorsqu’il est question des relations entre Noirs et policiers.

Le monde conservateur s’érige en défenseur des forces de l’ordre, impliquées dans la mort de Noirs mais aussi ciblées par des tireurs ces dernières semaines.

Clinton à Cincinnati

Tonalité très différente, au même moment, à Cincinnati, à quelque 400 km au sud-ouest de Cleveland, où Hillary Clinton, candidate démocrate à la Maison Blanche, abordait la question des tensions raciales aux Etats-Unis et les drames récents.

« Nous avons devant nous un travail difficile, douloureux mais essentiel pour réparer les liens entre nos communautés et notre police », a-t-elle lancé.

Dénonçant devant la NAACP, plus grande organisation de défense des Noirs américains, l’attitude de Trump face aux Mexicains, aux musulmans ou encore aux femmes, Mme Clinton a jugé que ce dernier ne pouvait devenir président des Etats-Unis.

A Cleveland, les autorités locales et fédérales ont pris des mesures de sécurité exceptionnelles pour la convention.

Elles étaient déjà inquiètes après les attentats de Paris et Bruxelles, et celui d’Orlando (Floride). La mort le 7 juillet de cinq policiers à Dallas abattus par un ancien combattant américain, l’attentat de Nice jeudi soir et la mort dimanche de trois autres policiers à Baton rouge (Louisiane), tués par un ancien Marine ayant servi en Irak, ont encore ajouté à la tension ambiante.

Après une campagne des primaires où Donald Trump l’a emporté sur 16 candidats à force de déclarations fracassantes souvent controversées, l’heure est en tout cas à l’unité, même contrainte et forcée, d’un parti traumatisé.

‘Impatients de rassembler

« Impatients de rassembler notre parti et de lui donner une nouvelle impulsion », a lancé sur Twitter Paul Manafort, directeur de campagne de Donald Trump, à l’ouverture des débats.

A l’heure du rassemblement, la liste des absents est cependant impressionnante.

Les grands noms du parti ne participeront pas à la convention: ni les anciens présidents Bush, ni les anciens candidats du parti à la présidence John McCain et Mitt Romney ne seront là, hérissés par la personnalité de M. Trump.

Mais le speaker de la Chambre Paul Ryan y prendra la parole. Et bien sûr le colistier de l’homme d’affaires, le très conservateur Mike Pence, son vice-président éventuel.

Le milliardaire de l’immobilier avait promis une convention « showbiz ». Mais les têtes d’affiche sont peu nombreuses, et l’attention se portera principalement sur sa famille: outre sa femme, quatre de ses cinq enfants (Ivanka, Tiffany, Eric, Donald Jr) monteront à la tribune d’ici jeudi.

Les supporters de la première heure du magnat, tels Shaun Ireland, un délégué suppléant du Texas qui faisait la queue dimanche soir à l’une des dizaines de soirées organisées en marge de la convention, jubilent.

« J’avais choisi le candidat de la force alors que les autres gens faisaient de petits calculs électoraux », explique-t-il, un pin’s Trump à la boutonnière.

Le but de la convention est d’aider les Américains à mieux comprendre Donald Trump l’homme, a expliqué Paul Manafort: « Son histoire personnelle mérite d’être racontée ».

Son discours d’acceptation de la nomination républicaine est aussi prévu jeudi, mais le milliardaire républicain, devancé dans les sondages par Hillary Clinton, pourrait faire des apparitions tout au long de la semaine.

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