Gérald Papy

A Alexandria, Jacinda et Sanna…

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La première rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue russe Vladimir Poutine, organisée le lundi 9 décembre sous l’égide de la France et de l’Allemagne à l’Elysée, n’a abouti qu’à l’adoption de mesures  » humanitaires  » sur un cessez-le-feu intégral dans l’est de l’Ukraine, l’échange de prisonniers ou des opérations de déminage.

Elle n’a pas tranché sur le premier écueil à surmonter vers une paix durable, le phasage des séquences entre la tenue des élections dans le Donbass aux mains des rebelles prorusses et la reprise du contrôle de la frontière avec la Russie par les forces gouvernementales ukrainiennes. Zelensky espère obtenir que la seconde précède la première. Vladimir Poutine s’en tient au préalable du scrutin, prévu dans l’accord de Minsk II conclu en 2015.

L’Amu0026#xE9;ricaine Alexandria Ocasio-Cortez et la Nu0026#xE9;o-Zu0026#xE9;landaise Jacinda Ardern, deux femmes qui ont marquu0026#xE9; 2019.

Ce statu quo politique évite au président ukrainien l’opprobre de la reddition en rase campagne que lui prédisent ceux qui, jusque dans son propre camp, le présentent comme un oiseau pour le chat face au roué maître du Kremlin. Humoriste jusqu’à la campagne électorale présidentielle du printemps 2019, jeune à l’aune des standards de la politique (41 ans) et donc novice en diplomatie, Volodymyr Zelensky serait fatalement un loser en puissance… Si l’enquête sur la procédure en destitution de son homologue américain l’a révélé potentiellement manipulable, celui dont le magazine Time a fait sa Une sous le titre  » L’homme au milieu  » (entre Poutine et Trump) n’a pour autant pas montré qu’inexpérience rimait avec incompétence. L’histoire de 2019 et de deux figures féminines qui l’ont incontestablement marquée dément cette fatalité.

Alexandria Ocasio-Cortez est devenue, en novembre 2018, la plus jeune candidate jamais élue de la Chambre des représentants des Etats-Unis. Elle a prouvé depuis, du haut de ses 30 ans, qu’elle y avait indéniablement sa place. En autant de vidéos virales, AOC a réussi, en quelques mois à peine, à mettre en évidence les failles de la démocratie américaine face au pouvoir de l’argent, à déstabiliser le patron de Facebook Mark Zuckerberg, et à vulgariser l’idée d’un New Deal vert.

Une autre femme, à peine moins novice en politique, a pareillement crevé les écrans et les réseaux sociaux au cours des douze mois écoulés. Cheffe du gouvernement néo-zélandais depuis octobre 2017, Jacinda Ardern, 39 ans, a su, après l’effroyable attentat contre deux mosquées de Christchurch (51 morts), avoir les mots et les gestes adéquats (un as-salam aleikoum, que la paix soit sur vous, prononcé au Parlement, le terroriste volontairement non nommé, la tête voilée lors des visites aux familles…) pour exprimer son empathie et celle de la nation à l’égard des proches des victimes musulmanes. Une attitude qui n’a pas suscité de polémiques dans son pays – on n’ose imaginer celles qu’elle aurait provoquées en Belgique ou en France -, malgré l’alliance gouvernementale qu’elle a nouée avec le très nationaliste parti Nouvelle-Zélande d’abord.

Alexandria Ocasio-Cortez et Jacinda Ardern conjuguent audace et pragmatisme. L’année 2020 dira si celle qui est devenue le mardi 10 décembre la plus jeune cheffe de gouvernement de la planète, la Finlandaise Sanna Marin, 34 ans, à la tête d’une coalition de cinq partis, tous dirigés par des femmes, dont quatre de moins de 35 ans, marchera sur leurs traces. Comme l’Américaine et la Néo-Zélandaise, elle est issue – est-ce un hasard ? – de la social-démocratie.

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