Discours d'Hitler au Reichtag © Bundesarchiv Bild 101I-808-1238-05

8 novembre 1939 : et si Elser avait réussi à assassiner Hitler ?

Nom : largement oublié. Age : 36 ans. Métier : banal. Caractéristique : un certain goût pour la résistance. Destin : héroïque et tragique. A défaut d’avoir été historique.

Le 8 novembre 1939, c’est d’abord la célébration d’un anniversaire. Celui d’un échec. Le 8 novembre 1923, des militants du parti nazi entrent brutalement dans une brasserie munichoise, située Rosenheimer Straße. Ce soir-là, des édiles locaux s’y expriment en meeting. Revolver au poing, le chef des nazis, Adolf Hitler, ordonne aux dirigeants de lui remettre le pouvoir. Mais l’opération échoue. Les politiques s’enfuient et, deux jours plus tard, le leader des putschistes est arrêté. Dans la foulée, Hitler est condamné et emprisonné. Depuis sa cellule, il rédige Mein Kampf, un essai politique dans lequel il présente son projet pour l’Allemagne. Après quelques mois, le prisonnier est déjà libéré. Il entame alors une progression fulgurante et, dès 1933, est nommé chancelier. Quant à la brasserie de la Rosenheimer Straße, elle devient un lieu de mémoire pour les nationaux-socialistes. Chaque année, Hitler s’y rend pour célébrer l’anniversaire de son putsch. Car si le 8 novembre 1923 est le symbole d’un échec, il marque aussi le début d’une incroyable ascension.

8 novembre 1939 : et si Elser avait réussi à assassiner Hitler ?
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Georg Elser, lui, est menuisier ébéniste. Un homme simple, fils d’ouvriers, sans réseau particulier. Un temps proche du Parti communiste, il a toujours refusé le salut nazi. Plus que d’autres, il a conscience du drame qui se joue. Et sait faire preuve de courage. Et puis, il a un plan. Durant des mois, seul, il prépare son coup. Patiemment, il conçoit son engin. Il se rend souvent à l’auberge munichoise. Y mange, y boit. Surtout, il s’y laisse enfermer de nuit pour creuser une cachette. Deux jours avant la soirée anniversaire, il y dépose une bombe artisanale.

Ce soir-là, Hitler est présent, entouré des plus hauts dignitaires de son régime. Alors que la guerre a commencé, lui, s’offre un retour aux sources. Une petite fête entre amis. Mais ce soir-là n’est pas comme les autres. Habitué à s’attarder, Hitler décide cette fois de ne pas la faire longue. Peu après 21 heures, il quitte les lieux pour regagner Berlin. Treize minutes après son départ, une explosion retentit. Puissante : elle fait huit morts et plus de soixante blessés. Mais aucune victime parmi les vedettes nazies.

Elser est rapidement arrêté. Reste une question : pour qui travaille-t-il ? Le coup aurait été monté par les services britanniques, prétend Himmler. Après 1945, une autre version circulera : le menuisier aurait oeuvré à la demande… des nazis ! Un vaste stratagème aurait été imaginé par les autorités afin de crédibiliser la thèse de l’ennemi intérieur. Et justifier la nécessité d’une guerre. Balivernes, évidemment. Elser a agi seul. Il le paiera cher. Emprisonné, il est bientôt emmené en camp de concentration. En avril 1945, peu avant de se suicider, Hitler se souvient de lui et ordonne de l’éliminer. Le 9 avril 1945, Georg Elser est exécuté à Dachau.

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