Séoul, 21 février 1951 : le général américain Douglas MacArthur inspecte les troupes sur l'aérodrome de Kimpo. © BELGAIMAGE

25 juin 1950 : le jour où la Corée s’est (vraiment) déchirée

C’est une surprise. Et une agression. En ce beau dimanche d’été, les Coréens attaquent les Coréens. Ou plutôt : les Nordistes envahissent les Sudistes. En cause, un problème de légitimité. Les uns comme les autres se considèrent comme les plus légitimes.

Comme les seuls vrais Coréens. Mais cette guerre n’est pas qu’une affaire asiatique. Elle résonne comme un écho de la lutte à laquelle se livrent Soviétiques et Occidentaux. Car, on l’oublie parfois, la guerre froide fut parfois très chaude…

1945. Le Japon a perdu la guerre. Du même coup, il doit abandonner sa colonie coréenne. A la conférence de Yalta, le butin est divisé en deux. Au nord règneront les Soviétiques, au sud ce seront les Américains. Entre les deux, le 38e parallèle fixe la limite. Dès 1948, la frontière se creuse. Au sud, des élections sont organisées sous la houlette des Nations unies. Aussitôt, Séoul s’autoproclame seul gouvernement coréen véritable. Mais le Nord dénie au scrutin toute légitimité. Le divorce est prononcé : deux nouveaux Etats viennent de naître.

A Pyongyang, les ambitions de Kim Il-sung sont immenses. Et ses troupes sont superéquipées. Le 25 juin 1950, elles franchissent le 38e parallèle. Le même jour, le Conseil de sécurité des Nations unies qualifie les faits d’agression. Et l’ensemble du  » monde libre  » s’insurge. Mais rien n’y fait. Dès le 28 juin, Séoul tombe aux mains de l’ennemi. Et voilà que la terreur s’empare à nouveau de la planète.

Jusqu’à Bruxelles, on craint le pire.  » Personne n’est en mesure d’exclure l’éventualité d’un conflit général « , indique Paul van Zeeland, ministre des Affaires étrangères, aux membres du gouvernement. Mi-juillet, le Premier ministre Joseph Pholien remet à ses collègues une circulaire relative au fonctionnement des services publics en temps de guerre. Fin août, van Zeeland indique que la politique de Moscou a pour but  » la conquête du monde par toutes les méthodes dont, a priori, aucune n’est exclue.  » Ambiance…

Dans l’intervalle, la contre-offensive a pris chair. A l’appel de l’ONU, le général Douglas MacArthur prend la tête d’une vaste coalition regroupant des Américains, mais aussi des Britanniques, des Français, des Turcs et des Belges. Fin septembre, Séoul est reprise. Dans la foulée, les troupes onusiennes atteignent le 38e parallèle et… décident de ne pas en rester là. Il faut dire que MacArthur est un dur. A plusieurs reprises, il réclame même le largage de bombes atomiques ! Mais en face, soutenus par des hordes de Chinois et la puissante URSS, les Nord-Coréens se relèvent. Et réattaquent. Pendant plusieurs années, les combats font rage. Conflit le plus meurtrier de la seconde moitié du xxe siècle, la guerre de Corée ne se terminera qu’après la mort de Staline. Le 27 juillet 1953, dans une ambiance glaciale, un armistice est signé. Fin des hostilités. En revanche, aucun traité de paix n’a jamais été signé. Et la Corée est toujours déchirée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire