Les militants prodémocratie de Hong Kong défient dans la rue le pouvoir chinois. © ANTHONY WALLACE/BELGAIMAGE

2019, l’année où Hong Kong a résisté à Xi Jinping

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Une partie des habitants de l’ancienne colonie britannique se soulève contre les tentatives de Pékin de réduire son autonomie.

La révolte populaire qu’a connu Hong Kong à partir du mois d’avril est le plus grand défi posé à la Chine depuis la rétrocession de cette ancienne colonie britannique en 1997. Elle interroge fondamentalement sur la pérennité du principe endossé à l’époque par Pékin d' »un pays, deux systèmes « , soit la cohabitation d’un pouvoir ultra-autoritaire tel qu’il est exercé en Chine continentale avec celui, plus libéral, censé être appliqué jusqu’en 2047 dans la région administrative spéciale.

La crainte que la Chine de Xi Jinping, triomphante économiquement, ne remette en cause la spécificité de l’ancienne colonie est vive chez certains Hongkongais. Un projet de loi déposé en février par l’exécutif prochinois et censé faciliter l’extradition de suspects vers l’autre partie du pays va servir de déclencheur à la contestation. Une première manifestation rassemble 130 000 personnes, le 28 avril, à l’approche de l’examen du projet législatif par le parlement. Le 9 juin, la troisième organisée par le Front civil des droits de l’homme en réunit un million…

Entre-temps, le champ de revendications des manifestants s’est élargi. Les opposants voyaient dans le projet de nouvelle loi sur l’extradition une atteinte à l’exception juridique de la région administrative et le prélude à une remise en question de son autonomie. Ils vont dès lors réclamer un approfondissement de la démocratie hongkongaise en demandant le vote au suffrage universel de ses dirigeants. Ils sont désignés aujourd’hui par un corps de  » grands électeurs « . Autre revendication, la mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur les violences policières exercées contre les manifestants. Car, depuis avril, deux images se sont imposées pour symboliser la crise dans l’ancienne colonie britannique : la cheffe de l’exécutif, Carrie Lam, houspillée par les députés prodémocratie, contrainte de suspendre puis de retirer le projet de loi d’extradition, et les jeunes manifestants déterminés et tentés pour certains par la violence, confrontés à une répression de plus en plus grande de la part de la police. Blocus de l’aéroport, occupation de campus universitaires, affrontements de rue… : la dégradation de l’image de la place financière chinoise inquiète les milieux d’affaires. Xi Jinping, qui applique une implacable répression contre la communauté musulmane ouighour au Xingiang, promet la fermeté à Hong Kong mais, sous le regard inquiet du monde, il y a les coudées moins franches.

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