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2015 en 15 mots: VW (7/15)

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Le Vif/L’Express revient sur l’année 2015 en 150 mots clés et 200 photos. Nous en avons sélectionné 15. Voici le septième: VW. C’est la plus grande tricherie de l’industrie automobile. Révélé le 18 septembre, le scandale des logiciels fraudeurs du groupe VW ouvre une nouvelle ère du soupçon. Où l’imposture s’immisce dans le quotidien, plus insidieuse que jamais.

La supercherie aura duré huit ans. Pour le groupe Volkswagen, il y aura un avant et un après-18 septembre 2015. En dévoilant la fraude qui a permis au constructeur allemand de fausser les tests antipollution de plusieurs millions de véhicules depuis 2008, l’Agence fédérale de l’environnement américaine (EPA), elle-même alertée par l’ONG International Council on Clean Transportation, a annihilé le sceau de l’excellence associé jusque-là aux lettres VW. Désormais, celles-ci renvoient au premier chapitre d’un scandale qui pourrait entacher d’autres grands noms du secteur automobile.

Installé furtivement dans le module de commande électronique de plusieurs modèles diesel VW, Audi, Seat, Skoda et Porsche, le  » Switch  » fonctionnait de façon tout aussi insidieuse que son surnom le laisse entendre. Ce logiciel détectait les conditions d’un test antipollution en analysant plusieurs facteurs, comme l’angle du volant et la durée d’utilisation du moteur. Il enclenchait alors un mode écologique pour réduire les émissions d’oxyde d’azote (NOx). En conditions classiques, les moteurs pouvaient en revanche émettre jusqu’à 35 fois plus de gaz polluants que la norme.

Au-delà des questions que soulève la longue période d’impunité qui a précédé – l’Union européenne était au courant depuis 2011, affirment plusieurs experts –  » l’affaire VW  » cristallise les dérives d’une logique où les intérêts économiques d’un groupe industriel sapent des domaines communément attachés à l’intérêt global (la santé et l’environnement). Elle en identifie également les principaux symptômes. L’égoïsme, tout d’abord, sous-jacent à la maximisation du profit par tous les moyens. La culpabilité évanescente, ensuite : qui, chez VW, était au courant ? A quel échelon de l’organigramme a-t-on considéré que cette imposture était un dommage acceptable ? Il y a, enfin, la rupture technologique : les efforts consentis pour développer un logiciel frauduleux à l’échelle mondiale illustrent-ils les potentielles déviances, bien plus larges encore, que faciliteraient des progrès technologiques a priori bénins ?

De semaines en semaines, plusieurs anomalies sont venues s’ajouter au scandale initial : des incohérences  » inexpliquées  » dans les mesures de niveaux de CO2. Puis des problèmes diffus, annoncés le 26 novembre, autour d’un logiciel impactant négativement la consommation des véhicules. L’année 2015 a fait tomber le masque VW. L’année 2016 en révèlera peut-être les coupables. Et d’autres impostures emblématiques.

Découvrez les 149 autres mots de l’abécédaire 2015 dans le numéro collectif du Vif/L’Express, en librairie dès le 24 décembre, et pour trois semaines.

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