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En Sicile, les maisons du pittoresque village de Gangi sont gratuites

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

A la recherche d’une résidence secondaire à l’étranger? L’initiative des autorités de la commune de Gangi en Sicile pourrait bien vous intéresser. Elle propose des maisons carrément gratuites. Mais attention, si l’offre parait alléchante, il y a quelques (grosses) anguilles sous roche.

« Pssst, dans le pittoresque village sicilien de Gangi, on donne des maisons ! » La nouvelle, à peine crédible, se répand en Europe et dans le monde comme une trainée de poudre. A première vue, on pourrait penser à un hoax. Il n’en est rien. « Nous désirons informer les citoyens italiens et européens qu’à Gangi, nous offrons sans frais de vieilles maisons à qui le demandera« . Voilà l’annonce faite par les autorités de cette commune de la province de Palerme nichée sur les hauteurs à plus de 1000 mètres d’altitude. Cette offre est destinée autant aux citoyens qui recherchent une seconde résidence qu’aux groupes hôteliers qui voudraient y ériger un établissement.

Mais les conditions de cette action immobilière particulière ne sont pas si simples. «  La personne intéressée par une maison gratuite, doit quand même s’acquitter des frais de notaires« , avertissent les autorités communales. Selon un agent immobilier du coin, ces frais sont de l’ordre de plus de 6000 euros. Autre anicroche: les plans de rénovation du bien doivent être présentés dans l’année qui suit son acquisition et la rénovation complètement finalisée dans les quatre ans. Un timing pas toujours réaliste quand on habite à plusieurs centaines de kilomètres…

En Sicile, les maisons du pittoresque village de Gangi sont gratuites
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Sauver le patrimoine culturel

Quel type de biens est ainsi mis ainsi en pâture? Il s’agit souvent d’habitations dans un piteux état, la plupart abandonnées depuis des générations selon le New York Times. Un site internet destiné aux investisseurs britanniques conseille aux potentiels acheteurs de se faire conseiller auprès d’avocats non-italiens possédant une très bonne connaissance de la loi sicilienne. Car, autre anguille sous roche, une propriété qui a été transmise de génération en génération recèle souvent son lot de surprises notariales, avec à la clef des frais annexes. « On ne sait pas toujours clairement qui sont ou étaient les propriétaires « . C’est alors le début d’un long bras de fer, impliquant des impôts non dus, des prêts ou des dettes, explique le journal américain. Les coûts de rénovation et de construction peuvent aussi rapidement grimper. « La Sicile n’est pas accessible à monsieur et madame tout le monde », met en garde le NYT. Car s’occuper du toit, des sols, du circuit des eaux usées et de l’alimentation en eau, avant que la maison ne puisse être habitée, peut déjà faire grimper l’addition à plus de 35 000 euros. L’offre de Gangi attire toutefois des dizaines de curieux venus du monde entier.

Sur place, les habitants sont aussi impliqués dans ce projet original de réhabilitation. Les constructeurs immobiliers locaux y voient une opportunité de booster le tourisme local et de sauver leur patrimoine culturel. « Gangi est situé trop loin de la mer pour être attirante pour les touristes« , déclare le bourgmestre Giuseppe Ferrarello au New York Times à propos de sa commune située sur une route escarpée entre Palermo et Catane. Dans les années 50, Gangi comptait encore 16.000 habitants. A l’heure actuelle, la population n’est plus que de 7.000 âmes. Ce n’est pas la première initiative du genre de la localité. L’été passé, une vingtaine de maisons abandonnées avaient été mises en vente à un euro symbolique ainsi que trois cents autres entre 5 000 et 15 000 euros afin de contrer l’exode des habitants vers le continent et les grandes villes de l’île.

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