Le chien Uggie, acteur dans "The Artist" avec Jean Dujardin. © REUTERS

Comment les héros de dessins animés deviennent victimes de leur succès ?

Stagiaire Le Vif

 » 101 Dalmatiens « ,  » Babe, le cochon devenu berger « ,  » Le Monde de Némo  » ou plus récemment  » Zootopie « … Tous ces films ont un point commun : la star est un animal ! Victimes de leur succès, les animaux adoptés par les spectateurs suite à la vision de ces dessins animés se retrouvent très souvent abandonnés.

Chiens, chats, lapins, rats… mais aussi cochons, poissons, chouettes, etc. L’industrie cinématographique raffole des bêtes à poils, à plumes ou à écailles et le public aussi. Malheureusement pour elles, l’effet de mode n’est que de courte durée et les contraintes poussent souvent les adoptants à s’en débarrasser. Un phénomène récurrent et inquiétant, à l’heure où tout s’achète et tout se vend.

Pas des peluches

Les animaux sauvages dans les films d’animation sont souvent représentés avec des attitudes et des émotions « humaines ». Le dernier en date, « Zootopie », met en scène un renard roux baptisé Nick Wilde accompagné à l’occasion de Finnick, le fennec. Ce dernier est un personnage secondaire, mais le public s’est attaché à cette espèce de petit renard aux grandes oreilles.

Après la sortie du film dans les salles chinoises, il y a eu une véritable explosion des demandes pour ces petites bestioles en provenance directe du Sahara. Bien qu’il ait l’air fort sympathique dans son rôle cinématographique, le fennec reste un animal sauvage. L’union internationale pour la conservation de la nature ne l’a, pour l’instant, pas encore ajouté à sa liste rouge, mais il se pourrait que « Zootopie » porte le coup de grâce à ces animaux déjà fortement demandés avant la sortie du dessin animé.

Les bestioles à écailles sont également fort prisées par les téléspectateurs. En 2003, année de sortie du « Monde de Némo », un responsable d’animalerie déclarait à Libération : « On vend environ 600 poissons-clowns par semaine. On a prévenu nos fournisseurs philippins et indonésiens que cela risquait encore d’augmenter dans les semaines à venir, afin qu’ils puissent orienter leur pêche ». Le problème est que lors du transport jusque dans le petit aquarium du salon, environ 70% des poissons décèdent. De plus, lorsque l’entretien devient trop coûteux ou trop fastidieux, il peut facilement être jeté dans la cuvette des toilettes.

Les jeunes adeptes des « Tortues Ninja » ont voulu avoir la leur et les ventes ont explosé. De terre ou d’eau, les tortues ont besoin d’être nourries et les terrariums ou aquariums exigent un minimum d’entretien. Bien traités, ces reptiles peuvent vivre très longtemps. Malheureusement, après quelques mois, les enfants se lassent et les parents s’en débarrassent. Relâcher une tortue dans la nature peut s’avérer extrêmement dangereux pour l’écosystème.

Les oiseaux ne sont pas épargnés non plus. Les hiboux et les chouettes ont connu un succès immense auprès des fans de la saga « Harry Potter ». En effet, le volatile est, non seulement, l’animal de compagnie du sorcier, mais il lui sert aussi de facteur ! Une chouette domestique, à l’image d’Hedwige dans le film, nécessite une volière de minimum 36m2.

Beaucoup de « moldus » ont cédé à la tentation d’avoir un tel animal chez eux, mais ont rapidement déchanté. La population de chouettes et autres hiboux abandonnés dans les refuges a augmenté de manière considérable à cause des films, sans parler de ceux qui se sont prétendument envolés. J.K Rowling, l’auteure des célèbres livres dont sont tirés les films, déplore ce phénomène : « Si des personnes ont pu être influencées par mes ouvrages et pensent qu’une chouette sera heureuse dans une petite cage chez eux, je voudrais leur dire qu’ils se trompent. Si vous aimez vraiment ces animaux, parrainez plutôt une chouette vivant en parc naturel ».

Beethoven &Co.

Les animaux sauvages ne sont pas les seuls à subir l’impulsivité de leurs admirateurs. Les chiens, chats et autres animaux domestiques décrochent également des rôles importants au cinéma.

Que ce soit Beethoven, le Saint-Bernard ou Uggie, le Jack Russell accompagnant Jean Dujardin dans « The Artist », les chiens ont la côte, du moins pour un certain temps. Les premiers prennent beaucoup de place alors que les seconds ont énormément d’énergie à dépenser. Autant d’arguments qui font rapidement passer l’envie à leurs nouveaux maîtres de les garder. Plus récemment, les races type « chien-loup » comme les Huskies de Sibérie ont rencontré un véritable engouement à cause de la saga « Twilight » ou de la série « Game of Thrones » dans laquelle les loups sont l’emblème de la famille Stark. Les chats ont, eux aussi, connu un certain succès, notamment après le dessin animé Disney, « Les Aristochats ».

Mais le cercle des animaux domestiques s’étend également aux rongeurs. Les rats et souris comme dans « Stuart Little » ou « Ratatouille » sont faciles à adopter pour peu de frais, mais comme pour les autres espèces, il faut s’en occuper. Après les films, la plupart des gens se sont rués sur les animaleries pour s’en procurer, mais ces rongeurs, une fois lâchés dans la nature, survivent très bien tout seuls. Le principal problème est la reproduction. En effet, ils se multiplient très vite et leur population peut atteindre rapidement plusieurs centaines d’individus. Un véritable fléau pour les villes et les campagnes qui se retrouvent alors infestées de rats.

Par Axelle Verstraeten

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