© JEAN BERNARD BOULNOIS

« C’est un wine snob, il ne boit que des vins de bobos »

Sandrine GOEYVAERTS
Sandrine GOEYVAERTS Sommelière, caviste, blogueuse et auteure de Jamais en carafe (à paraître)

On observe aisément le bobo dans son habitat, la ville, et plus particulièrement le soir, aux abords des bars à vins nature(ls).

On observe aisément le bobo dans son habitat, la ville, et plus particulièrement le soir, aux abords des bars à vins nature(ls). Car le bobo pratique cette forme de snobisme qui consiste à boire des vins qui puent, faits n’importe comment par des hippies en se foutant bien du commun qui lui boit du vin estampillé AOC  » tout chimique « .

Le trait est grossier ? Evidemment ! Ce cliché à la peau dure : les vins nature(ls) seraient une mode, au même titre que les hand spinners dans les cours de récré, un truc absurdement inutile et totalement indispensable pour qui veut être à la page. Sauf que ces vins sont produits depuis toujours, des milliers d’années même. Allez voir en Géorgie, si vous ne me croyez pas. Ils bénéficient d’un regain d’intérêt c’est certain, depuis une bonne trentaine d’années, bien avant qu’on ne parle des bobos…

Les Perles d'une caviste, par Sandrine Goeyvaerts, Hachette Pratique Vin, 128 p.
Les Perles d’une caviste, par Sandrine Goeyvaerts, Hachette Pratique Vin, 128 p.© DR

Que recouvre cette notion de vin nature(l) ? D’abord, et c’est la condition sine qua non, des raisins bio. Ensuite en cave, un travail de dingue : pour ne rien ajouter d’autre au raisin qu’un peu de soufre (et encore) pour l’aider à devenir du vin, il faut une hygiène absolue, une connaissance intime de ses cépages, et de leurs évolutions. Le contraire du vin de glandeurs, donc. Les vigneronnes et vignerons qui font du bon sont – contrairement au cliché – des gens extrêmement sérieux. Même si parfois, leurs étiquettes étonnent : jeux de mots pourris, personnages à poil, hommages à Bowie, on est loin de l’iconographie  » château majestueux et lettres gothiques « .

Comme dans toute production, il y a des ratés, des vins qui ne méritent que le titre de picrate, des vinifications loupées : heureusement pour nos palais délicats, c’est de moins en moins le cas. Parfois de soif, simples et légers, parfois aussi d’une profondeur inouïe, et capables de résister au temps de belle façon, ils sont pleins de surprises. Plébiscités par les bars à vins, pour leur côté accessible, parce qu’ils incarnent aussi une idée de révolution douce, il serait dommage de ne les cantonner qu’à ça : ce sont des vins à découvrir, par tous, partout, tout le temps !

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