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Homme: plus techno que libido ?

Entre leur smartphone et une nuit câline, les hommes ont, semble-t-il, choisi. Ce sera le petit objet high-tech.

Les smartphones seraient-ils des tue-l’amour ? Selon une étude publiée par la société Gazelle, 1 homme sur 5 préfère se priver de sexe plutôt que de son précieux iPhone. Et à en croire un sondage récent, pour 39 % des hommes (du moins ceux de 25 à 49 ans, sondés par Ipsos), ces joujoux high-tech sont leur plus importante source de plaisir. Devant le sexe et les relations amoureuses. Comme Bruno, 47 ans, qui appartient aux « iPhoneaddicts ». En réunion, au restaurant, il pose ostensiblement son iPhone sur la table pour le surveiller du coin de l’oeil. Dans les transports, tout en discutant avec un collège ou en marchant, il répond aux courriers. Le soir, il le dépose sur la table de nuit. « J’ai refusé, après une soirée arrosée, de dormir chez une amie et préféré faire un long trajet pour recharger mon iPhone », témoigne Bruno.

Les sociologues avaient senti, à l’observer, la force du lien qui unit certains hommes à leur iPhone ou à leur Blackberry. « Ce sont des doudous pour adultes, analyse Michaël Stora, psychanalyste et fondateur de l’Observatoire des mondes numériques. Les gens vérifient constamment que l’objet est bien là, dans leur poche, dans leur sac, le touchent sous n’importe quel prétexte : cet usage compulsif est évidemment sexuel. La fonction tactile des iPhone, en particulier, en fait des objets complètement érotiques. »

Plus addictif que le sexe ?

« L’utilisation de l’iPhone active la même région du cerveau que lorsque l’on est amoureux, et c’est sans doute ce qui explique cette addiction au téléphone », explique Martin Lindstrom, spécialiste en neuromarketing. Avec l’iPhone, « on relève aussi une activité au niveau des amygdales, ce qui reflète la peur, parce que l’utilisateur craint d’être coupé du monde. L’iPhone réussit donc à véhiculer le facteur peur et le facteur amour », poursuit-il.

D’autres facteurs interviennent cependant. Loin de l’image du mâle génétiquement obsédé sexuel, l’homme ne serait pas forcément devenu plus sentimental. Ce désintérêt pour le sexe révèle plutôt un intérêt accru pour les loisirs en solo. Pour le sociologue Sylvain Mimoun, l’acte sexuel est mis sur le même plan que des distractions moins affriolantes. « De plus en plus d’hommes abordent le sexe en consommateurs. Ce qui aboutit à une pratique moindre : pour eux, une consommation en vaut bien une autre, l’essentiel étant d’avoir réussi à décompresser pendant une heure… »

Mais il y a aussi la pression de la performance. « En jouant sur son iPhone, on n’est pas remis en question dans sa réussite. Alors que faire l’amour, c’est prendre le risque de ne pas toujours satisfaire sa partenaire. Ce qui conduit à l’évitement progressif des relations sexuelles au profit d’activités qui renvoient une image positive. » Cet engouement n’est pas l’apanage des hommes. Les femmes, elles aussi, s’engouffrent dans la vie numérique. Pour les mêmes raisons ?

SORAYA GHALI

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