La princesse Elisabeth © hatim kaghat

Ne pas confondre « reine des Belges » et… « reine des Belges »!

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Ne pas confondre  » reine des Belges  » et…  » reine des Belges « ! Grâce à l’abolition de la loi salique, en 1991, la princesse Élisabeth, fille aînée du roi Philippe, pourra devenir un jour la première reine des Belges souveraine du pays. Chef de l’État, elle en assumera les pouvoirs.

Mathilde, sa mère, est elle-même appelée  » reine des Belges « . Mais elle n’en a juridiquement pas le titre : la Constitution belge n’a prévu aucun rôle pour l’épouse du roi. Voilà qui risque de créer un embarrassant télescopage terminologique quand la duchesse de Brabant accédera au trône ! Comme Mathilde, les six autres reines épouses de rois que la Belgique a connues depuis la création du royaume, Louise-Marie d’Orléans, Marie-Henriette d’Autriche, Élisabeth de Bavière, Astrid de Suède, Fabiola de Mora y Aragón et Paola Ruffo di Calabria, n’ont joui d’aucun statut particulier.

Ont-elles eu, néanmoins, une influence politique ? Ce fût rarement le cas.  » La monarchie belge n’est pas un champ particulièrement favorisé pour l’application de la formule « Cherchez la femme » ! « , faisait remarquer l’historien Jean Stengers, auteur de L’Action du Roi en Belgique depuis 1831 (Racine, 2008).  » Ceci vaut pour les reines comme pour les compagnes, ajoutait-il. Que ce soient Louise-Marie ou Marie-Henriette, Madame Meyer ou la baronne de Vaughan, on peut, politiquement, les rayer de l’histoire.  » En revanche, la longue existence de la reine Élisabeth, épouse d’Albert Ier,  » est loin de se résumer à celle d’épouse, de mère et de grand-mère de roi des Belges « , constate le chroniqueur royal Patrick Weber, auteur d’une biographie de la reine anticonformiste et artiste ( Élisabeth de Belgique, une reine entre guerre et paix, Payot, 2014). De fait, derrière l’image de la  » reine infirmière  » qui veille au bien-être des soldats et des blessés pendant la Grande Guerre, il y a la reine conseillère, qui, en 1914, à Anvers, semble avoir joué un rôle non négligeable pour obtenir du roi qu’il quitte à temps la position fortifiée menacée de tomber aux mains des Allemands. Bien plus tard, pendant la guerre froide, la vieille dame,  » électron libre  » de la famille royale, embarrasse le gouvernement belge en acceptant les invitations de dirigeants de pays communistes, ce qui lui vaut le surnom de  » reine rouge « . Autre exception notable à la règle générale selon laquelle les conjointes des rois des Belges n’ont pas eu d’influence politique : la princesse de Réthy, seconde épouse de Léopold III, impliquée dans le déroulement de la Question royale.

Et aujourd’hui, que dire du rôle de la reine Mathilde ? Si elle n’a pas de fonction politique réelle, elle a un réel pouvoir d’influence, assurent plusieurs sources proches de la Cour. L' » hyper-reine « , comme certains l’ont appelée dans son entourage, est l’indispensable partenaire du roi, son  » coach privé « . Femme ambitieuse, infatigable et bonne communicante, elle se sent investie d’une mission. Son solide carnet d’adresses lui permet de nouer des contacts au plus haut niveau et d’ouvrir des portes dans les secteurs qui lui tiennent à coeur depuis son arrivée au Palais : la santé, l’éducation, la justice sociale, les droits de l’enfant, l’autonomie des femmes…

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