Signature de la capitulation allemande, à Berlin, par le maréchal Keitel (au centre). © BELGAIMAGE

Histoire : ce qu’il s’est passé le 8 mai 1945

Le 8 mai 1945, l’armistice était signé. Pourtant, la guerre n’était pas encore terminée. Retour sur ce moment historique.

Décor sans faste pour une victoire sans joie. Ce soir-là, des hauts gradés britanniques, américains, soviétiques, français et allemands se retrouvent dans une petite villa située en banlieue berlinoise. Un peu comme au cinéma, chacun joue son rôle. A la perfection. Pourtant, personne n’est dupe. Le scénario, assurément, est étrange.

Pourquoi donc ces chefs de guerre signent-ils une sorte de paix alors que la guerre n’est pas finie ? Pourquoi donc les décoristes n’avaient-ils pas prévu de drapeau français ? Et pourquoi donc signer cette espèce d’armistice alors qu’un même texte a déjà été signé la veille ?

En réalité, c’est dans la nuit du 6 au 7 mai que tout commence. Nous sommes à Reims, dans une école pour garçons. C’est là qu’Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe, a installé son quartier général en janvier 1945. L’homme a rempli sa mission. Il a vaincu. A 2 h 45, le général allemand Alfred Jodl signe l’acte de reddition des forces sous contrôle allemand. Des officiers britanniques, soviétiques et français sont présents. « Ma gratitude, qui ne peut être assez grande, va à chacun des cinq millions d’hommes qui ont pris part à la lutte », proclame l’Américain.

Dans les heures qui suivent, la nouvelle se répand, relayée par les journaux. Dans les villes et les campagnes éclatent des scènes de joie. A Moscou, en revanche, c’est la colère rouge. Staline est furieux. Comment les Anglo-Saxons ont-ils osé organiser eux-mêmes la capitulation ? Et en territoire français ! N’est-ce pas Staline qui a vaincu Hitler ? N’est-ce pas à lui que revient le privilège de mettre en scène la défaite du nazisme ? Le maître du Kremlin n’en démord pas : il veut avoir sa capitulation.

Il faut aller vite. Berlin est une évidence : c’est là que Staline entend mettre en scène sa victoire. Parce que c’est la capitale de son ennemi. Et parce que la ville a été prise par ses hommes. Une demeure est dénichée à Karlshorst, dans l’est de la capitale. La cérémonie se tient en soirée. Solennelle. Brève. Lorsque le maréchal allemand Wilhelm Keitel débarque dans la salle, il s’étonne : « Quoi ? Les Français sont là aussi ? » Au dernier moment, de Gaulle a obtenu de pouvoir être représenté. C’est à la hâte qu’un drapeau tricolore a été joint aux autres fanions.

Keitel signe neuf exemplaires du document. Ce n’est pas seulement un armistice ; c’est la capitulation de l’armée et de l’Etat allemands. Etonnant : contrairement à 14-18, aucun traité de paix ne sera jamais signé avec l’Allemagne. En Occident, la date du 8 mai 1945 devient synonyme de fin de guerre. En Russie, le 9 mai (décalage horaire oblige) per- met surtout de célébrer la victoire des Soviets sur l’Allemagne nazie.

Avec ça, on l’oublierait presque : en mai 1945, la Seconde Guerre mondiale n’est pas terminée. Dans le Pacifique, des bombes continuent à voler. Il faudra attendre le 2 septembre pour que, après les drames d’Hiroshima et de Nagasaki, la guerre soit vraiment finie.

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