Première page du traité du 19 avril 1839, par lequel le pays perdra une partie du Luxembourg et du Limbourg. © NATIONAAL ARCHIEF, DEN HAAG

Le 8 juin 1839, le jour où la Belgique a vraiment pris forme

Vive la Belgique ! Nous sommes le 4 octobre 1830 et un nouvel Etat proclame son indépendance. Victoire ? Pas si vite !

Il faudra encore quelques mois pour que le pays se dote d’une Constitution. Le 7 février 1831, le texte est voté. Mais la Belgique n’a toujours pas de roi. Ce n’est que le 21 juillet 1831 que Léopold Ier prête serment sur la… Constitution. Tout est en ordre ? Ah non, toujours pas. Car si l’Etat a son droit et son roi, il lui manque encore un territoire. Le tracé des frontières est une affaire de haute politique. Qui va tenir les Belges en haleine durant près d’une décennie.

Revenons à l’automne 1830. Si les Journées de Septembre marquent la défaite hollandaise, le roi Guillaume ne perd toutefois pas l’espoir de reconquérir ses contrées spoliées. L’homme se démène, sur les plans militaire comme diplomatique. Ardemment, il sollicite l’aide des puissances européennes. Mais aucune d’elles ne daigne ré- pondre à ses appels. La Prusse et l’Autriche mènent campagne ailleurs ; la France et l’Angleterre ne voient pas l’indépendance belge d’un mauvais oeil. Finalement, le silence des grands fait le bonheur des petits (Belges).

Sauf que… rien n’est encore réglé. Le tracé des frontières, par exemple. Ce point délicat est discuté à Londres, où les principaux chefs européens se retrouvent début novembre. Il y a là Wellington, Talleyrand, Palmerston… La plupart se connaissent ; quinze ans plus tôt, ils ont négocié ensemble le Traité de Vienne. Les Belges sont également représentés. A première vue, ils ne sont pas en position de force : pour eux, l’indépendance est déjà une victoire ; demander plus risque de représenter trop. Et pourtant, après de longs mois de tractations, ils obtiennent le droit de conserver le Limbourg et le Luxembourg.

Sauf que… Guillaume d’Orange n’en veut pas, de cet accord. En août 1831, il envoie ses troupes chez ses voisins du Sud. Les Belges sont rapidement dépassés. Seule l’intervention des Français permet de mettre un terme à la  » campagne des Dix-Jours « . En attendant, le roi des Pays-Bas a manifesté sa toute-puissance. De retour à la table londonienne, il a retrouvé de l’éclat. Les Belges, eux, vont perdre des plumes : les grandes puissances leur retirent le Sud du Luxembourg et l’Est du Limbourg. La décision est consignée dans le Traité des XXIV articles.

Sauf que… Guillaume d’Orange n’en veut pas davantage, de cet accord. En fait, au fond de lui, il ne digère toujours pas la sécession belge. Alors, il refuse de signer le traité. Les Belges ne s’en plaignent pas : les atermoiements de Guillaume leur permettent de conserver Limbourg et Luxembourg.

Sauf que… Guillaume finira par changer d’avis. Il faut dire que même dans son pays, il n’y a plus grand-monde pour croire que la Belgique pourrait redevenir hollandaise. En mars 1838, il annonce son intention de signer le traité. Le 8 juin 1839, le texte est ratifié. Neuf ans après son indépendance, la Belgique perd une partie du Luxembourg et du Limbourg. Enfin, le pays prend ses contours définitifs.

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