Septembre 1944. A Varsovie, sur la place du Théâtre, l'artillerie allemande tire sur les ruines de l'hôtel de ville occupé par les forces polonaises. © Belgaimage

Le 2 octobre 1944, le jour de la destruction totale de Varsovie

Plus rien. Ou presque… Ce matin, Varsovie se réveille en ruines. Et déserte : des dizaines de milliers de Polonais viennent d’être tués. La boucherie est immense. Un gâchis ? Oui, car on peut s’interroger : cette insurrection était-elle bien nécessaire ? Pourquoi donc les Polonais ont-ils décidé de se révolter alors que les Soviétiques étaient sur le point de les libérer ? Une autre question se pose, plus cruciale encore : la Pologne parviendra-t-elle un jour à se relever de ce glorieux suicide ?

En réalité, en termes d’héroïsme, la Pologne a déjà donné. Cinq ans plus tôt, c’est lorsque l’Allemagne l’envahit que s’ouvre le second conflit mondial. La France et la Grande-Bretagne réagissent alors en déclarant la guerre aux Allemands. Mais sans offrir d’appui militaire significatif aux Polonais. Voilà ceux-ci invités à se débrouiller seuls. Et face à deux ennemis car aux Nazis se joignent les Soviétiques… Le martyre ne va pas sans bravoure. Au printemps 1943, les Juifs de Varsovie se révoltent. Déjà, le bilan est lourd : l’insurrection du ghetto provoque la mort ou le départ (vers les camps) de 60 000 personnes.

A l’été 1944, ça sent la fin de la guerre. Entre-temps passés dans le camp allié, les Soviétiques sont aux portes de la ville. Mais les Polonais refusent de se faire libérer par les troupes de l’Armée rouge. Ils trouvent la chose vexante ; ils l’estiment aussi dangereuse – ils craignent de perdre leur indépendance au lendemain du conflit. Voilà donc pourquoi quelques dizaines de milliers d’insurgés prennent les armes le 1er août.

Le mouvement prend d’emblée. Aux groupes de résistants se joignent de nombreux civils. Une bonne partie de la ville se trouve bientôt aux mains de ses habitants. Mais… l’avance plafonne. Puis se réduit. Les Allemands sont bien mieux équipés. Et surtout, le soutien des Soviétiques ne vient pas. Parce que les insurgés ne leur font pas explicitement appel ? Sans doute. Mais aussi parce que Staline est en train de calculer. Et son raisonnement est simple : plus les Polonais seront affaiblis, plus facilement il pourra imposer le communisme à Varsovie.

Nous sommes donc le 2 octobre. L’insurrection a échoué et 200 000 Polonais viennent de perdre la vie. Hitler va prendre sa revanche. En quelques semaines, il chasse 600 000 habitants de Varsovie. Sans que cela se justifie sur le plan militaire, il ordonne la destruction de la ville : bâtiments, archives, collections… tout y passe. Pendant ce temps, les Soviétiques patientent gentiment sur la rive orientale de la Vistule. Ce n’est que le 17 janvier 1945 qu’ils entrent dans ce qui reste de Varsovie. Dans la foulée, le sort de la Pologne est scellé par les Alliés à Yalta. Le pays figure dans le camp des vainqueurs. Mais sa population et sa capitale sont anéanties. Surtout, avec la bénédiction de Moscou, un groupe de communistes y fait la loi.

Miraculeux : en quelques années, la vieille ville sera reconstruite. En revanche, il faudra attendre plus de quarante ans pour que les communistes soient chassés du pouvoir.

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