Si Bekkaï et Christian Pineau scellent l'indépendance du Maroc. © GETTY IMAGES

Le 2 mars 1956, le vrai jour de l’indépendance du Maroc

Les deux hommes se serrent la main, tout sourire. Sous les crépitements des projecteurs, ils viennent de signer un document historique. A gauche, Si Bekkaï, plénipotentiaire marocain. A droite, Christian Pineau, le chef de la diplomatie française. Sous les ors du Quai d’Orsay, à Paris, le Maroc vient d’acquérir son indépendance. Nous sommes le 2 mars 1956, la date est historique. Et pourtant, de nos jours, c’est chaque 18 novembre que l’indépendance marocaine est célébrée. Bizarre, non ?

L’Afrique, c’est le terrain de chasse des Européens. C’est en tout cas ainsi qu’ils la perçoivent… Et si le Maroc a longtemps pu échapper à la règle, son heure finit par arriver. En 1912, par le Traité de Fès, la France impose un protectorat à l’Etat nord- africain. En apparence, la souveraineté marocaine est préservée, mais dans les faits, c’est la France qui donne le ton. Le 18 novembre 1927, choisi par Paris, Mohammed Ben Youssef est intronisé, et devient le nouveau sultan de l’Empire chérifien. Bien que ses pouvoirs soient limités, son poids symbolique est important. Les nationalistes marocains s’approprient d’ailleurs bientôt la date. Dès 1933, ils prennent l’habitude de célébrer la  » fête du Trône  » chaque 18 novembre. Pour eux, c’est une façon de rappeler leur soif d’indépendance.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le passage de la France sous pavillon vichyste déplaît à Rabat, où le sultan commence à montrer des signes d’opposition. Au lendemain du conflit, ses velléités se voient encouragées par la vague anticoloniale qui déferle sur le monde. En avril 1947, dans son célèbre  » discours de Tanger « , Mohammed réclame ouvertement l’indépendance. Ce faisant, il devient la cible des Français. Qui, en 1953, l’envoient en exil. Mais le départ du sultan met le feu aux poudres. Au Maroc, la révolte gronde. La guerre d’indépendance n’aura toutefois pas lieu. Préférant se concentrer sur l’Algérie, la France consent à abandonner son protectorat sur le Maroc. Le 16 novembre 1955, le sultan est de retour à Rabat, où il reçoit un accueil triomphal. Deux jours plus tard, dans un discours historique, il annonce l’entrée de son pays dans l’ère moderne, sous le sceau de l’indépendance et de la démocratie. Nous sommes à nouveau… un 18 novembre !

Quelques mois plus tard, le 2 mars 1956, les textes sont donc signés à Paris. Tandis que le Maroc recouvre son indépendance, le sultan devient le roi Mohammed V. Très logiquement, la date du 2 mars devient aussitôt celle de la fête de l’indépendance du pays. Mais l’histoire n’est pas finie. Le 3 mars 1961, Hassan II succède à son père sur le trône du Maroc. Il décide alors que dorénavant, l’indépendance sera fêtée… le 18 novembre ! Non seulement pour faire coïncider la date avec celle de l’ancienne fête du Trône. Mais aussi pour mieux la distinguer de sa propre fête du Trône – le 3 mars. Il faut dire que chaque année, celle-ci sera l’occasion de larges célébrations à sa (propre) gloire.

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