Buste de Tibère, successeur d'Auguste et deuxième empereur de Rome. © SHUTTERSTOCK

Cinq Imperatores fous

TIBÈRE

16 NOVEMBRE 42 AV. J.-C. – 16 MARS 37 APR. J.-C.

L’existence de Tiberius Julius Caesar Auguste est placée sous le signe des tromperies, des menaces, des divorces et des exils. Cet homme sombre, triste et méfiant est donc passé dans les annales comme « tristissimus hominum », le plus triste des hommes… Quand Drusus, son fils unique, est empoisonné par son propre bras droit, Séjan, il perd pied et sombre dans la paranoïa. Tibère fait non seulement exécuter Séjan, mais aussi tous ceux qu’il soupçonne d’avoir fomenté le complot. C’est le début d’un régime de terreur. Ce sera un soulagement pour Rome lorsqu’il mourra, selon certaines sources, étouffé sous un coussin. Tibère avait nommé Caligula à sa succession par testament : dernière tentative d’un triste empereur afin de se faire tout de même aimer sous le règne d’un successeur encore pire que lui?

Denier d'argent à l'effigie de l'empereur Domitien.
Denier d’argent à l’effigie de l’empereur Domitien.© SHUTTERSTOCK

DOMITIEN

24 OCTOBRE 51 – 18 SEPTEMBRE 96 APR. J.-C.

Titus Flavius Domitianus est le fils de Vespasien et le frère du grand général romain Titus, qu’il empoisonne pour prendre sa place sur le trône. Il règne de manière absolue et autoritaire, à l’exemple de ses prédécesseurs Néron et Caligula. Comme ces derniers, il arrive au pouvoir très jeune et semble sans résistance face à ce que le pouvoir impérial fait de lui. Adolescent, il était lubrique, irascible et capricieux. Empereur, il est carrément cruel. Bien que convaincu que son pouvoir impérial est illimité, Domitien est profondément paranoïaque. Il fait assassiner tous ceux dont il se méfie. Et il se méfie de tout le monde. Non seulement il fait persécuter les chrétiens, mais les sénateurs romains souffrent également sous son règne. Quand il ne les fait pas exécuter en vertu de l’une ou l’autre théorie du complot, il leur confisque leur fortune pour renflouer les caisses de l’État. Conséquence logique, la totalité de la classe supérieure romaine, ou presque, veut sa mort. De peur d’être lui-même empoisonné, il prend à titre préventif l’antidote que le roi Mithridate a inventé, un mélange d’opium et d’autres poisons faiblement dosés. Le produit protège certes efficacement, mais il est addictif et a de graves effets secondaires, comme les hallucinations. Domitien finit par être poignardé dans ses appartements privés par un groupe de sénateurs et de membres de son entourage.

Statue équestre de l'empereur Septime Sévère.
Statue équestre de l’empereur Septime Sévère.© SHUTTERSTOCK

SEPTIME SÉVÈRE

11 AVRIL 145 – 4 FÉVRIER 211

L’assassinat de l’empereur Pertinax par la garde prétorienne et la mise en place d’un empereur fantoche, Didius Julianus, provoquent le soulèvement des armées romaines à l’étranger. Le chef d’une de celles-ci, Septime Sévère, élimine ses rivaux, rejoint Rome et prend le pouvoir (au cours de ce que l’on appelle l’année des cinq empereurs). Son règne sera marqué par la peur et l’intimidation. Sévère dissout la garde prétorienne, nomme une nouvelle garde impériale et veille immédiatement à ce que celle-ci ne puisse pas devenir trop puissante en constituant une nouvelle légion personnelle. Il se concentre entièrement sur l’armée, y investit énormément et augmente la pression fiscale jusqu’à un niveau inédit. Et le peuple dans tout ça? Il ne compte guère à ses yeux puisque seule l’armée a le pouvoir de le destituer. Sous son règne, les dieux romains sont les uniques autorisés. Quiconque adhère à une autre foi est impitoyablement poursuivi. Les châtiments favoris de Sévère pour les récalcitrants sont la décapitation et la crucifixion.

Cinq Imperatores fous
© BELGA IMAGE

HÉLIOGABALE

203 – 220

Héliogabale n’a que 14 ans lorsqu’il monte sur le trône impérial. Après l’assassinat de Caracalla, un certain Macrin a pris le pouvoir, mais la mère d’Héliogabale déclare publiquement qu’il est le fils illégitime de Caracalla, permettant ainsi à son fils de prendre sa place. Toutefois, il y a un problème : Héliogabale est atteint de ce que l’on appelle aujourd’hui dysphorie de genre. Il est persuadé d’être une femme dans un corps masculin et porte régulièrement des vêtements féminins, y compris en public. Son orientation sexuelle est ambiguë.

Entre ses 14 et ses 18 ans, ils se marie et divorce à cinq reprises, dont une fois avec une vestale – à la vive colère des Romains –  » afin d’engendrer des enfants divins « . Dans le droit romain, une vestale qui s’est rendue coupable de commerce charnel doit être emmurée vivante. Malgré cette série d’épouses, il se promène volontiers nu dans le palais impérial, faisant des avances aux hommes qu’il croise. Il s’épile, porte des perruques, se maquille et se prostitue dans les tavernes et les bordels. Selon les historiens, sa relation la plus stable est celle qu’il entretient avec le conducteur de son char, auquel il fait référence comme à son  » mari « . Par ailleurs fanatique religieux, il fait du dieu solaire syrien El-Gabal le principal dieu romain. Après quatre ans de règne chaotique, il est assassiné à 18 ans par la garde prétorienne.

Cinq Imperatores fous
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DIOCLÉTIEN

22 DÉCEMBRE 244 – 3 DÉCEMBRE 311

Gaius Aurelius Valerius Diocletianus est passé dans les livres d’histoire comme un empereur qui maintient l’ordre dans son empire grâce à ses talents d’organisateur : armée, finances, système monétaire, administration, impôts… Il s’attaque aux problèmes et ses réformes sont à chaque fois un succès. C’est un travailleur assidu, d’origine modeste, qui est parvenu à se hisser au plus haut niveau. Le  » self made man  » dans toute sa splendeur, dirait-on. Si ce n’est que Dioclès – comme il s’appelle avant son règne – décide également de s’attaquer avec fermeté au sujet de la religion et de déclencher par un édit paru en 303 la dernière phase, extrêmement sanglante, de persécution des chrétiens dans l’Empire romain. Dans un premier temps, les chrétiens se voient privés de leurs droits s’ils ne se convertissent pas aux dieux romains. L’étape suivante consiste à les enfermer et à les exécuter. Viennent ensuite les jeux au Circus Maximus et au Colisée, où les chrétiens arrêtés sont jetés aux lions. Plus de 3 000 d’entre eux mourront sous le règne de Dioclétien.

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