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4 octobre 1991 : Clap de fin pour Wilfried Martens

Record battu ! Dans l’histoire du pays, jamais un gouvernement (de plein exercice) n’avait eu vie si courte. Après six jours, voilà Wilfried Martens contraint de présenter sa démission. Une surprise ? Pas vraiment. L’espérance de vie de son exécutif était brève.

Car depuis des semaines, rien n’allait plus au 16, rue de la Loi. Tous les dossiers s’embourbaient : exportations d’armes, réformes institutionnelles, radio-redevance… Et tout le monde s’opposait : sociaux-chrétiens et socialistes, idéalistes et réalistes, francophones et Flamands… Ces tensions ne révélaient-elles pas surtout la fin d’une certaine Belgique – et celle de celui qui l’incarnait au plus haut niveau depuis plus de dix ans ?

Les vacances sont terminées. Ce 6 septembre, les ministres se retrouvent en conseil. C’est le jour que choisissent les ministres socialistes flamands et Volksunie pour lâcher leur bombe : ils ne veulent plus que la Belgique exporte des armes aux pays du Golfe. Détail : les armes belges sont en fait des armes wallonnes. La riposte ne se fait pas attendre. Si les Affaires économiques ne donnent pas leur visa, le PS et le PSC bloqueront un autre dossier : une commande de centraux téléphoniques high-tech. C’est le  » contrat du siècle  » : on parle de 37 milliards de francs. Qui doivent essentiellement atterrir dans les caisses flamandes…

Rodomontades et fanfaronneries. Après le temps des musculations vient celui des discussions. La technique belge est bien connue : on met les dossiers compliqués dans un panier ; on y ajoute d’autres éléments ; et on les sort tous en même temps. Avantage : offrir à chacun le trophée qui lui permettra de se proclamer vainqueur. Les pistes se dessinent. Régionalisation des licences d’exportation (pour les Wallons) ; fédéralisation en matière de politique étrangère (pour la Volksunie et le CVP) ; et ouverture d’un large débat institutionnel (pour les régionalistes de tous bords). Le 27 septembre, Martens présente son compromis. Et la Volksunie le rejette : Hugo Schiltz et André Geens claquent la porte. Actant leur démission, Martens poursuit avec les autres partis. Et met Martens IX sur les rails.

Mais la Flandre voit rouge. Ses éditorialistes estiment que le Nord s’est fait avoir par le Sud – et par le  » dieu  » Spitaels. C’est pain bénit pour la Volksunie, qui en rajoute une couche et réclame à présent la fédéralisation de la sécurité sociale. Pendant ce temps, le CVP médite le poids de son erreur. Ses cadors en sont désormais persuadés : ils doivent lâcher Martens.

 » La Belgique de Martens est morte « , titre un grand quotidien de la capitale. Le 4 octobre, à bout de souffle, le Premier présente sa démission au roi. Dans la foulée, lors du congrès général de son parti, il est éclipsé par Herman Van Rompuy. Se présentant comme plus radical, le président est le nouvel homme fort du CVP. Quelques mois plus tard, un gouvernement Dehaene se met en place. Martens ne devient pas ministre. Ni président du Sénat. C’est ainsi qu’il quitta la scène politique nationale. Abandonné et amer.

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