Ellen Church (1905 - 1966) a donné naissance à une profession. A un mythe aussi. © BELGAIMAGE

15 mai 1930: Ellen Church, première hôtesse de l’air

Sans doute sont-ils surpris. Lorsqu’ils arrivent à l’aéroport d’Oackland, la dizaine de passagers du vol pour Chicago sont accueillis par une femme. Ellen Church réceptionne leurs tickets et emmène leurs bagages, avant de les accompagner sur la piste. Là les attend le Boeing 80A de la Boeing Air Transport. Ils montent ensemble. Puis décollent. Church est aux côtés des passagers. A leur service. Le vol se passe bien, les suivants aussi. Au bout de trois mois, le bilan est positif. La BAT engage une vingtaine d’hôtesses de l’air. Une profession est née.

Les frères Wright effectuèrent le premier vol en 1903, aux Etats-Unis. C’est cependant durant la Première Guerre mondiale que l’on assiste au véritable décollage de l’aéronautique. Durant le conflit, on découvre la puissance de cette nouvelle technologie et, la paix revenue, de plus en plus de personnes s’intéressent aux promesses qu’elle laisse également entrevoir en matière civile. A l’aube des années 1920, l’avion met le monde à portée des citoyens (du moins les plus fortunés).

Si la vitesse est encore réduite, les distances parcourues sont déjà longues. Pendant le vol, il faut donc boire et manger. Très rapidement, les premières compagnies européennes emploient sur leurs lignes des commis de bord. Formés à l’hôtellerie, ils ont pour tâche principale de servir les collations. A noter : il n’y a là que des hommes. Logique, au fond : sur les bateaux et dans les trains, ce sont également des hommes qui assurent ces services.

Et les femmes ? Elles aussi aiment prendre les airs ! Therese Peltier, Raymonde de Laroche, Amelia Earhart… Parmi les pionniers de l’aviation, on compte de nombreuses pionnières. A l’époque, d’ailleurs, leurs exploits suscitent un réel engouement. Mais il n’empêche que le milieu est masculin. A l’heure d’engager pilotes et stewards, les compagnies se tournent tout naturellement vers des hommes. Les femmes ? Les fluctuations hormonales les rendent peu fiables, prétend-on. Leur confier la vie de passagers apparaît trop risqué. Seule la Croix-Rouge les emploie dans des avions sanitaires, où elles servent comme infirmières.

Arrive 1930. Infirmière de formation, Ellen Church possède aussi un brevet de pilote de ligne. Mais aucune compagnie n’ose l’engager. Jusqu’au jour où la BAT accepte de la prendre à l’essai sur ses vols. Si la mission confiée à cette femme de 26 ans est essentiellement logistique, elle comporte aussi une dimension psychologique : Church est là pour rassurer les passagers. Il faut dire qu’à l’époque, la plupart des gens demeurent horrifiés à l’idée de quitter le sol enfermés dans une boîte en fer…

Carton plein ! Si même une jeune femme ose voler, les hommes ne s’autoriseront plus à avoir peur. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la mode se généralise sur toutes les compagnies. Un profil type se dégage aussi : l’hôtesse doit être jeune, jolie et célibataire. Car ce n’est pas seulement une profession qui vient de voir le jour ; c’est aussi un mythe.

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