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Urgence climatique : décrocher un portrait de Macron jugé « légitime » par un tribunal

Le Vif

Décision inédite au tribunal correctionnel de Lyon, dans le centre-est de la France : invoquant lundi « l’état de nécessité » et le « motif légitime », le juge a relaxé deux « décrocheurs » d’un portrait du président Emmanuel Macron, poursuivis pour vol en réunion.

Depuis plusieurs mois, des militants écologistes décrochent des portraits du chef de l’État français dans les mairies, une action de désobéissance civile pour protester contre « l’inaction climatique » au plus haut sommet de l’État.

« C’est une première et un très très bon signal pour nous », a déclaré à l’AFP une porte-parole du mouvement ANV-COP21 (Action non violente-COP21), qui a salué cette « décision historique » prenant acte du « non-respect des objectifs climatiques de la France et la légitimité des actions de désobéissance civile face à l’urgence climatique ».

Le 2 septembre, le parquet avait requis une amende de 500 euros contre les deux militants, un homme et une femme âgés de 32 et 33 ans, qui avaient décroché le portrait du président de la République dans une mairie d’arrondissement de Lyon en février. « Le vol est constitué et il ne règle en rien le dérèglement climatique », avait alors estimé la procureure Rozenn Huon.

Dans sa décision, le juge a reconnu que le vol de « l’objet d’une valeur fortement symbolique » était bien matérialisé. Mais, selon lui, la réalité du dérèglement climatique « affecte gravement l’avenir de l’humanité », ce qui légitime « d’autres formes de participation » des citoyens, « dans le cadre d’un devoir de vigilance critique ».

Pour lui, l’intrusion d’une vingtaine de militants dans la mairie d’arrondissement a troublé l’ordre public de manière « très modérée ». Le magistrat a estimé que l’action des militants avait finalement constitué une interpellation légitime du président de la République.

« C’est la reconnaissance de plusieurs années de militantisme », a salué la militante à la sortie de la salle d’audience, très émue par cette décision.

Une ancienne secrétaire d’État à l’Environnement, Cécile Duflot, avait défendu lors de l’audience début septembre « un acte citoyen au sens le plus noble du terme » et un scientifique du Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) avait exposé « l’indiscutable urgence climatique ».

Le premier procès de « décrocheurs » s’est tenu fin mai dans l’est de la France. Un militant écologiste a alors été condamné à une peine d’amende ferme de 250 euros et cinq autres à une amende avec sursis.

Deux semaines plus tard, le tribunal correctionnel de Strasbourg, également dans l’Est, a relaxé trois militants qui avaient brièvement décroché un portrait du chef de l’État dans une mairie du Bas-Rhin.

Douze autres procès de « décrocheurs » sont prévus jusqu’à septembre 2020.

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