Sadiq Khan reproche à Boris Johnson des propos qu'il juge homophobes. Ici, à la Marche des fiertés, en juin 2019. © C. J. RATCLIFFE/GETTY IMAGES/AFP

Royaume-Uni: Sadiq Khan, l’opposant n°1

Le Vif

Premier maire de Londres issu de la diversité, le travailliste Sadiq Khan pourrait briguer la succession de Jeremy Corbyn, laminé par le Brexit.

Depuis l’élection de Sadiq Khan à la mairie de Londres, le 5 mai 2016, la guerre est déclarée. A peine entré en fonction, celui qui fut ministre des Transports sous Gordon Brown (2009-2010) explique au magazine américain Time :  » Le problème des huit dernières années, c’est que les Londoniens ont pu penser que le job de maire consistait à couper des rubans, à paraître sur des tapis rouges et à balancer quelques blagues. Tout cela, j’en suis capable aussi.  » Et l’ancien député de Tooting, une banlieue multiethnique, d’ajouter :  » Mais les maires peuvent faire beaucoup mieux. Par exemple, unir les gens au lieu de les diviser.  »

Un mois après les municipales, les Anglais votent sur le Brexit.  » Autrefois, cingle à nouveau Khan, Boris Johnson comprenait l’importance de l’Union européenne pour Londres, ses emplois, son business, sa vie culturelle. Ces deux derniers mois, il semble, hélas, avoir oublié tout cela…  » La riposte arrive par Twitter. Devenu secrétaire d’Etat des Affaires étrangères et du Commonwealth (ministre des Affaires étrangères au Royaume-Uni), Boris Johnson y parle de  » Sadiq hashtag nullissime Khan  » et ironise sur son narcissisme supposé. En 2009, ce dernier s’était empressé d’annoncer sur les réseaux sociaux sa promotion comme ministre des Transports. Du jamais-vu à l’époque. D’où cette pique :  » Sadiq ? Un freluquet sentencieux et suffisant.  »

En pleine  » épidémie  » d’agressions, d’assassinats et d’attaques terroristes au couteau dans les rues de Londres, en 2018, le ministre Johnson reproche au maire d' » accuser tout le monde, sauf lui-même  » ! Mais Khan, aujourd’hui âgé de 49 ans, contre-attaque :  » Sous mon prédécesseur, le nombre de policiers a considérablement baissé  » et sa promesse d’en embaucher des milliers  » n’a jamais vu le jour « , pointe le maire.

En septembre dernier, à la Chambre des communes, Boris Johnson assure, devant les députés, qu’il est temps de  » se débarrasser de Sadiq Khan « . Ce dernier, en retour, accuse le Premier ministre d’avoir tenu, au cours de sa carrière, des propos racistes et homophobes. Sur la question du climat, le mois dernier, il dégaine à nouveau :  » Franchement, je ne crois pas que nous puissions compter sur Boris Johnson pour prendre les mesures nécessaires afin de protéger la santé de nos concitoyens.  »

En pleine guerre des nerfs, Khan a sollicité, en qualité de maire de la capitale, une entrevue avec le Premier ministre. Sans réponse pour l’instant… En attendant, de clash en clash avec Boris Johnson, l’élu londonien a trouvé le moyen de consolider son image de politicien de premier plan. Un préalable indispensable pour succéder un jour, peut-être, à Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste.

Par Axel Gyldén

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