Seule une annulation du scrutin européen au Royaume-Uni pourrait éviter une nouvelle défaite à Theresa May.

Royaume-Uni: la déroute sans fin de Theresa May

Le Vif

Fuites dans son gouvernement, négociations ardues avec le Labour sur le Brexit, débâcle des conservateurs aux élections locales : la Première ministre britannique accumule les revers.

La tory Vicky Ford peinait à retenir ses larmes au moment de répondre aux questions de la BBC. Et pour cause : lors des élections locales du 2 mai, le Parti conservateur a perdu la majorité des postes de conseillers d’un de ses bastions, le comté de Chelmsford, dans le sud-est de l’Angleterre, dont elle se trouve être la députée locale. Cette défaite est un signe des temps. Les conservateurs ont perdu des centaines de sièges parmi les 9 000 en jeu dans plus de 250 assemblées d’Angleterre et d’Irlande du Nord, en particulier au profit des libéraux-démocrates, comme c’est le cas à Chelmsford.

La débâcle électorale est un revers de plus pour la Première ministre britannique, empêtrée comme jamais dans le Brexit. Elle intervient un mois après la date à laquelle le Royaume-Uni devait à l’origine sortir de l’Union européenne, le 29 mars dernier. Et un jour après le renvoi de Gavin Williamson du poste de ministre de la Défense. Theresa May lui reproche d’être à l’origine d’une fuite dans la presse d’une décision gouvernementale controversée : la participation du chinois Huawei à la réalisation du réseau 5G dans le pays, alors que les Etats-Unis accusent l’équipementier d’être un cheval de Troie pour les espions de Pékin.

Theresa May n’est pas au bout de ses peines. Car les conservateurs devraient subir un nouveau camouflet électoral lors des élections européennes, le 26 mai. Les Vingt-Sept ayant décidé de reporter au 31 octobre prochain la date du retrait britannique, Londres est tenu de présenter des candidats pour les sièges d’eurodéputés. Le parti du Brexit du populiste europhobe Nigel Farage est crédité de 30 % d’intentions de vote, selon un sondage YouGov pour The Times, contre 13 % seulement pour les conservateurs et 21 % pour le Labour. Les Verts, les libéraux-démocrates et Change UK, parti anti-Brexit formé d’anciens conservateurs et d’anciens travaillistes, recueillent chacun 9 ou 10 % de soutien.

Soumettre d’autres options au Parlement

Seule une annulation du scrutin européen au Royaume-Uni pourrait éviter une nouvelle défaite à Theresa May. Ce qui nécessiterait l’adoption, d’ici au 22 mai, par la Chambre des communes, de l’accord conclu avec l’Union européenne. Pour cela, la Première ministre doit trouver un terrain d’entente avec l’opposition travailliste. Les divisions irréconciliables de son parti sur le sujet du Brexit ont en effet abouti au rejet, à trois reprises, d’un traité de retrait auquel Bruxelles ne compte pas changer une virgule.

Theresa May n’ignore pas que le Labour de Jeremy Corbyn se trouve aussi dans la tourmente. En dehors de Londres et des quelques grands centres urbains, sa base électorale a voté en faveur du Brexit. Le parti a perdu des dizaines de sièges, le 2 mai, jusque dans son bastion de Sunderland (nord-est). La faute au Brexit, selon le leader travailliste de l’assemblée locale, Graeme Miller, qui explique que ses administrés refusent l’idée d’un nouveau référendum.

La dégradation de leur assise politique peut-elle favoriser l’entente des deux principaux partis sur le Brexit ? Theresa May a fait savoir que si rien de concret ne ressortait de leurs échanges, elle soumettrait au Parlement une série d’autres options. Jusqu’à présent, les députés britanniques n’ont fait que rejeter les propositions qui leur étaient faites.

Par Clément Daniez.

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