Boris Jonhson. © reuters

Royaume-Uni: dernières heures critiques de campagne avant les élections

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Au Royaume-Uni, c’est la toute dernière ligne avant une journée d’élections législatives cruciale ce jeudi 12 décembre. Les leaders des différents partis font leur dernier tour de chauffe pour convaincre le maximum d’électeurs.

Ce jeudi sont organisées les deuxièmes élections anticipées au Royaume-Uni depuis le choc du référendum sur le Brexit en 2016. Les bureaux de vote ouvriront à 7h00, heure de Londres et fermeront à 22h00. Le Premier ministre conservateur Boris Johnson a fait le pari de convoquer ces législatives pour mettre en oeuvre la sortie de l’Union européenne et sortir de la crise dans laquelle le pays est plongé depuis juin 2016. Les Britanniques avaient alors voté à 52% en faveur du Brexit.

Ce mercredi, les différents leaders de partis vivent les dernières heures critiques de leur campagne, qui aura duré 6 semaines, et prononcent leur dernier discours pour séduire le maximum d’électeurs. La BBC récapitule sur son site les grands messages qu’ils feront passer aux électeurs.

Boris Johnson chef du parti conservateur (Tory) a commencé mercredi par un tour de table dans le West Yorkshire, déclarant que la campagne électorale  » ne pourrait être plus serrée  » et qu’il y a  » un risque réel d’avoir un parlement minoritaire ». Il profitera des événements qui se dérouleront tout au long de la journée pour souligner les principaux engagements des conservateurs à augmenter le nombre d’agents de police et à mettre en place un nouveau système d’immigration. Mais son message principal sera sur le Brexit. Johnson brandit le risque de « paralysie » du Brexit en cas de défaite jeudi : « si nous ne sortons pas de ces sables mouvants…. notre avenir en tant que pays reste incertain« .

Boris Johnson a été mis dans l’embarras lundi lorsqu’il a été confronté à la photo d’un enfant de quatre ans du tabloïd de gauche Daily Mirror étendu sur le sol d’un hôpital en attendant d’être traité. Ravageuse, l’image a été utilisée par les travaillistes pour dénoncer les effets sur le système public de santé, le NHS, de la politique d’austérité menée pendant neuf ans par les conservateurs. Sur la radio LBC, le leader conservateur a assuré « compatir beaucoup avec tous ceux qui ont eu une mauvaise expérience (avec le NHS) » et a présenté ses excuses, tout en réitérant sa promesse de campagne d’y investir massivement.

Son adversaire,Jeremy Corbyn le leader du parti travailliste (Labour) a commencé, de son côté, son dernier tour de chauffe en Écosse en déclarant lors d’un rassemblement à Glasgow qu’un gouvernement travailliste « éliminerait la pauvreté des enfants, donnerait de l’espoir à la prochaine génération et investirait correctement dans l’éducation dans tout le Royaume-Uni« .

Jeremy Corbyn
Jeremy Corbyn© reuters

Dans sa dernière allocation de campagne, Jeremy Corbyn argue que le Parti travailliste offre un « vote pour l’espoir ». Il réitérera ses engagements sur le financement du système public de santé, le NHS, victime de graves coupes budgétaires sous les conservateurs. Il réitérera sa proposition d’étendre la gratuité des services de garde d’enfants et de faire baisser les tarifs de transport. Mais il s’attaquera aussi au message de Johnson sur le Brexit. « Le Labour va résoudre le Brexit, nous allons obtenir un bon deal pour les personnes qui travaillent, et leur donner le dernier mot. »

Il se rendra ensuite dans le nord-est de l’Angleterre – où les conservateurs ciblent les sièges du Parti travailliste – pour attirer les derniers électeurs indécis.

S’il remporte le scrutin, le Labour a promis de renégocier l’accord de divorce de Boris Johnson et de soumettre le résultat à un référendum dans les six mois suivant son arrivée au pouvoir.

Jo Swinson, leader des libéraux démocrates (Lib Dem), appellera également les gens à soutenir ses candidats pour empêcher le Royaume-Uni de quitter l’UE.

Nicola Sturgeon, leader du SNP, devrait également une dernière fois haranguer les électeurs. Sturgeon – qui a pris part à un débat de la BBC avec d’autres dirigeants écossais mardi soir – a publié une lettre ouverte qualifiant Boris Johnson de « plus grand danger des temps modernes pour l’Ecosse ».

Arlene Foster, la cheffe du Parti unioniste démocrate (DUP) d’Irlande du Nord et ancienne alliée du Premier ministre Boris Johnson au gouvernement, l’a accusé pour sa part lundi d’avoir menti sur les conséquences de l’accord sur le Brexit. Le parti aborde les élections générales anticipées de ce 12 décembre dans une situation fragilisée par les divisions au sein du camp unioniste et risque de perdre une partie de ses élus.

« Les gens ont perdu la foi »

Le Brexit Party fera campagne dans le nord de l’Angleterre. Le message de son leader Nigel Farage s’adressera aux partisans du LEAVE, en leur disant de « ne pas gaspiller leur vote » pour les conservateurs qui ont peu de chances de remporter les élections. Au lieu de cela, il leur demandera d’appuyer son parti pour que le Brexit aille de l’avant.

Le chef de Plaid Cymru, Adam Price, profitera du dernier jour de la campagne pour publier un projet de loi qui ferait des mensonges des politiciens une infraction pénale. « Les gens ont perdu confiance en notre politique et nous avons le devoir de la restaurer avant qu’il ne soit trop tard. C’est déprimant d’en arriver là, mais si nous avons besoin d’une loi pour empêcher les politiciens de mentir, c’est ce qui devrait être en place. »

La défense des services publics

Après le Brexit, au coeur de ces élections censées démêler la crise politique, le NHS, le système public de santé est la deuxième préoccupation des électeurs. Le Labour a mené une campagne très à gauche basée sur la défense des services publics auquel les Britanniques sont très attachés. Selon une étude de l’institut YouGov, cette question est vue comme le principal point fort du programme travailliste, qui prévoit des dépenses massives pour l’améliorer.

Selon les derniers sondages d’opinion de la BBC, les conservateurs auraient une solide avance sur les travaillistes. Un autre sondage YouGov publié mardi soir suggère également que les conservateurs sont sur la bonne voie pour remporter la bataille. Le sondage s’est déroulé entre le 4 et le 10 décembre, avec 100 000 personnes interrogées.

John Curtice, expert en sondages, a déclaré qu’il y a eu deux tendances dans les sondages au cours de cette campagne, mais qu’elles se sont invalidées l’une l’autre. Il déclare à la BBC que le vote conservateur est bien en hausse mais que le vote travailliste l’est aussi, le Parti Brexit et Lib Dems étant écrasés par les deux principaux partis. Bien que les sondages suggèrent que les conservateurs sont les plus susceptibles d’obtenir une majorité, ils ne sont pas certains d’y arriver, déclare ce spécialiste, ajoutant qu’il y a « une variation assez considérable entre les sondeurs« .

Selon leur propre sondage, les conservateurs détiendraient 43 % des sièges, ce qui correspond à 339 sièges ; les travaillistes 34 %, soit 231 sièges ; les libéraux démocrates 12%, soit 15 sièges ; les écologistes (GREENS), 3% et un siège. Aucun siège ne reviendrait au Brexit Party. Le SNP devrait avoir 41 sièges, soit six de plus qu’en 2017, et Plaid Cymru garderait ses quatre sièges. Un sondage similaire de YouGov estimait que les conservateurs devançaient les travaillistes avec une plus grande marge, avec une majorité conservatrice de 68 voix. Les travaillistes espèrent un revirement de dernière minute en leur faveur, comme cela s’est produit lors des élections générales de 2017, tandis que les conservateurs mettent en garde contre la possibilité d’un Parlement sans majorité. Les bureaux de vote ouvriront jeudi à 7h00, heure de Londres et fermeront à 22h00.

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