David Frost et Michel Barnier, les négociateurs britannique et européen. © AFP

Relation post-Brexit : pourquoi les négociations s’annoncent compliquées

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le Royaume-Uni est enfin sorti de l’Union européenne, après des années de coups politiques et de rebondissements. Mais la  » saga Brexit  » est loin d’avoir dit son dernier mot.

Après la sortie effective du Royaume-Uni de l’UE, les deux parties doivent profiter d’une période tampon, dite « période de transition », pour se mettre d’accord sur leurs futures relations, notamment commerciales. Des négociations qui s’annoncent difficiles et qui pourraient bien faire resurgir de nombreux problèmes.

Partenariat VS libre-échange

Le ton a été donné dès ce lundi, jour J du début des discussions. Les négociateurs européens et britanniques ont affiché d’emblée des ambitions divergentes. Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE, est clair : il veut un « partenariat ambitieux et équitable ».

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Mais le son de cloche est différent côté britannique, où on envisage seulement un « accord de libre-échange » respectant pleinement l’indépendance du Royaume-Uni.

Les menaces de Boris Johnson

Le problème est bien là : les attentes des deux parties sont très différentes et chaque camp affiche déjà ses « lignes rouges » concernant des divergences profondes. La pression en vue de trouver un compromis est grande. Si les négociations échouent, ce sera un retour à la case départ et un « no deal », tant craint lors des négociations pré-Brexit. Un manque d’accord qui pourrait avoir de terribles conséquences économiques, aussi bien pour le Royaume-Uni que pour l’UE. La Commission européenne continue d’ailleurs de se préparer à un échec.

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.© Getty Images

La fin de la période de transition, et donc la date-butoir de ces pourparlers, est fixée au 31 décembre 2020. Mais le Premier ministre britannique Boris Johnson a déjà fait une date d’échéance du premier bilan des négociations prévu en juin. Il a menacé de claquer la porte dès l’été si les discussions s’enlisaient. Un chantage qui ne plait évidemment pas aux Européens. « On traverse un moment difficile avec certaines déclarations à Londres », a commenté Didier Reynders, commissaire européen à la Justice, sur la chaîne France 24. Mais « c’est toujours la même chose quand vous entamez des négociations: vous avez des positions très marquées. »

L’épineuse concurrence

L’UE craint principalement de voir le Royaume-Uni déréguler l’économie à son profit. C’est pourquoi elle souhaité que le futur accord comprenne des engagements fermes pour assurer « des conditions de concurrence transparentes et équitables » sur le long terme. L’accord doit assurer le respect de « normes communes élevées » en prenant celles de l’UE comme un « point de référence« . Cela comprendre notamment : les aides d’État, les normes sociales et du travail, les normes environnementales, le changement climatique ou encore les questions fiscales.

L’UE n’est pas prête à brader l’accès de son marché de 440 millions de consommateurs, et ne veut pas conclure d’accord à « n’importe quel prix ». L’accès des Britanniques à ce marché aux conditions proposées par l’UE (« zéro quota, zéro droit de douane ») dépendra de leur respect sur le long terme de conditions loyales de concurrence.

Mais pour le Royaume-Uni, il est hors de question de s’aligner d’office sur les règles européennes. Le gouvernement britannique est clair : il ne négociera « aucun arrangement où le Royaume-Uni n’a pas le contrôle de ses propres lois et de sa vie politique ». Les Britanniques veulent un accord du même type que celui conclu par l’UE avec le Canada.

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Différends et pêche, deux sujets délicats

Le règlement des différends entre les deux parties est également un sujet épineux. L’UE veut mettre en place, comme pour chaque accord commercial, un mécanisme de règlement des différends, au cas où l’une des deux parties ne respecterait pas ses engagements. Les différends seraient réglés par « un panel indépendant » aux décisions contraignantes, pouvant aller jusqu’à des sanctions financières, voire la suspension de l’accord. Mais toute « question d’interprétation du droit de l’Union » devra alors être renvoyée à la Cour de justice de l’UE, qui rendra elle aussi une « décision contraignante ». Un grand « non » pour Londres, qui réclame un mécanisme de règlement reflétant « une relation d’égal à égal ».

Autre sujet vital pour plusieurs États membres: celui de la pêche. L’Union souhaite le maintien d’un « accès réciproque aux eaux territoriales ». Le Royaume-Uni entend redevenir un « Etat côtier indépendant à la fin de 2020 » et négocier chaque année l’accès à ses eaux, comme le font aujourd’hui la Norvège, l’Islande et les îles Féroé, sur base des dernières données disponibles sur les stocks de poissons. L’UE a d’ores et déjà prévenu : elle refusera tout accord de traité commercial sans compromis sur la pêche.

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