© BELGAIMAGE

Quatre jours après l’incendie de Rouen, les autorités peinent à rassurer

Le Vif

Des collégiens pris de maux de tête et de vomissements, la vidéo virale d’une eau noire sortant du robinet: quatre jours après l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, les autorités peinaient lundi à rassurer une population toujours inquiète.

« Trop incommodés et trop inquiets des odeurs persistantes et des vomissements », des enseignants ont fait usage de leur « droit de retrait » lundi dans trois collèges de Rouen, où les cours ont repris après deux jours de fermeture à cause de l’incendie du site Seveso.

Au collège Georges Braque, les cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre et les élèves ont été renvoyés chez eux. Vingt-six professeurs ont fait état dans une lettre d' »un danger grave et imminent pour eux et les élèves ».

« Quand nous sommes arrivés à 07h30, il y avait une très forte odeur persistante, désastreuse sur les hauts de Rouen mais surtout, à l’intérieur de l’établissement, certains d’entre nous ont eu des symptômes : nausées, céphalées, vertiges », a déclaré une professeure d’histoire-géographie du collège sur France Bleu Normandie-Seine maritime.

Le conservatoire de musique de Rouen, contacté par l’AFP, a annoncé aussi avoir décidé de fermer en raison de nausées et vomissements.

Devant l’école maternelle Cavelier de la Salle, la plus proche de l’usine Lubrizol, où la classe a repris lundi, certains parents faisaient part de leur inquiétude, malgré le nettoyage de l’établissement. « J’ai amené mon enfant parce que j’avais pas le choix, j’ai des démarches à faire. Mais je suis un peu inquiète à cause de l’explosion et des odeurs », a confié Aminata, 31 ans, mère d’une enfant de trois ans et demi.

Sur les 55 écoles de Rouen, seules trois ont été touchées par les suies, ont assuré les autorités. Dimanche, la rectrice Christine Gavini-Chevet a affirmé : « les suies ne sont pas toxiques mais nous souhaitons que nos élèves ne soient pas en contact » avec elles.

– « Aucune trace de contamination »-

Après la diffusion lundi matin sur Twitter d’une vidéo montrant de l’eau noire s’écoulant d’un robinet de lavabo présenté comme rouennais, la Métropole de Rouen Normandie a en outre dû rassurer la population sur la potabilité de l’eau des 71 communes de l’agglomération.

« Aucune trace de contamination n’a été relevée », assure la collectivité dans un communiqué. « Les réservoirs d’eau potable de la Métropole de la rive nord, sur laquelle s’est concentré le panache de fumée, ont tous été vérifiés », souligne-t-elle.

La ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne a dit comprendre « que la population soit inquiète ». « Effectivement, il y a une odeur très dérangeante mais pas de problème sanitaire. On prend des précautions maximum. On doit deux choses aux Rouennais touchés par cet accident : une très forte exigence et une très grande transparence », a-t-elle ajouté.

Le ministre de l’Agriculture devait rencontrer les organisations agricoles et visiter une exploitation de Seine-Maritime lundi après-midi, alors que la récolte des cultures et des denrées alimentaires d’origine animale est interdite dans une centaine de communes en raison des retombées de suie occasionnées par le nuage. Le lait, le miel et les oeufs d’élevage en plein air pondus depuis jeudi sont visés « jusqu’à l’obtention de garanties sanitaires sur les productions », selon des arrêtés préfectoraux.

Des prélèvements doivent également être effectués à partir de lundi dans l’Oise afin de « lever le doute » sur la présence éventuelle de produits chimiques dans les cultures.

L’usine Lubrizol, où travaillent environ 400 personnes, fabrique et commercialise des additifs qui servent à enrichir les huiles, les carburants ou les peintures industriels. Elle a été classée « Seveso seuil haut » ce qui signale sa dangerosité et implique qu’elle bénéficie d’une surveillance particulière.

Le parquet de Rouen a ouvert une enquête pour « destructions involontaires » et « mise en danger d’autrui ». Le PDG de Lubrizol France, Frédéric Henry, s’était dit vendredi « très étonné de voir un incendie qui se déclare en pleine nuit, dans un endroit où il n’y a personne ».

Lubrizol porte plainte : l’origine du feu serait « extérieure au site »

Le groupe Lubrizol a porté plainte pour « destruction involontaire » après l’incendie de son usine chimique à Rouen, et affirmé lundi que l’origine du feu serait « extérieure » au site.

La plainte, déposée samedi, vise la « destruction involontaire par explosion ou incendie par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence », a précisé le procureur de la République de Rouen Pascal Prache à l’AFP.

Edouard Philippe a annoncé qu’il se rendait lundi en début de soirée sur le site de l’usine.

« La vidéosurveillance et des témoins oculaires indiquent que le feu a tout d’abord été observé et signalé à l’extérieur du site de Lubrizol Rouen, ce qui suggère que l’origine du feu est extérieure à Lubrizol et que le feu s’est malheureusement propagé sur notre site », a déclaré le groupe lundi, dans un communiqué diffusé sur son site internet.

« Nous continuons de soutenir les forces de l’ordre pour les besoins de l’enquête afin de déterminer l’origine et la cause du feu », ajoute-t-il.

Selon la société, « les premiers éléments indiquent qu’en dehors des zones d’enfutage et d’entreposage, le site de Rouen été très peu, voire pas du tout, endommagé ».

L’usine Lubrizol, en activité depuis 1954, fabrique et commercialise des additifs qui servent à enrichir les huiles, les carburants ou les peintures industriels. Elle a été classée « Seveso seuil haut » ce qui signale sa dangerosité et implique qu’elle bénéficie d’une surveillance particulière.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire