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Peu de changements, « l’ombre de Sarkozy » : ce que pense la presse française du gouvernement Castex

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Emmanuel Macron amorce la fin de son quinquennat avec un nouveau gouvernement. Sauf quelques surprises, le changement est moins radical qu’annoncé, notent les médias français. Revue de presse.

Le nouveau gouvernement du président français Emmanuel Macron pour aborder la fin de son quinquennat a été dévoilé. Après la nomination de Jean Castex, en remplacement d’Edouard Philippe au poste de Premier ministre, la fin du quinquennat débute avec quelques changements à des ministères clés, l’arrivée étonnante d’Eric Dupond-Moretti et le retour surprise de Roselyne Bachelot.

Rares surprises et limites du vivier Macron

Ces deux ministres sont d’ailleurs « les seules véritables surprises d’un nouveau gouvernement qui consacre l’évolution du macronisme vers la droite », indique Le Monde. Macron avait promis de se réinventer, mais finalement le casting montre qu’il « n’a pas décidé de renverser la table » et amorce « une forme de changement dans la continuité. »

Libération analyse également le remaniement, avec un hommage à Ennio Morricone, décédé ce lundi : « La revenante, la verte et le tonitruant », autrement dit Roselyne Bachelot (à la culture), l’ancienne EELV Barbara Pompili (à l’Ecologie) et Eric Dupond-Moretti (à la Justice), « rares nouveaux visages du gouvernement Castex. » Le quotidien souligne également que la réinvention promise par Macron est assez discrète : « on prend les mêmes et on recommence », titre Libération.

« Le casting peu renouvelé de ce premier gouvernement Castex démontre une nouvelle fois la pauvreté du vivier à la disposition du chef de l’Etat. (…) Difficile d’exceller en matière de ressources humaines quand on manque… de ressources », analyse Paul Quinio dans son édito pour Libé. « Le cercle de la famille macroniste ne s’est pas élargi », confirme La Voix du Nord.

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L’influence de la droite de Sarko

Pour Les Echos, c’est bel et bien « l’ombre de Sarkozy » qui plane sur le nouveau gouvernement. Après Jean Castex, ancien collaborateur de Sarkozy durant sa présidence, « les deux surprises du nouveau gouvernement sont des proches de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin à l’Intérieur et Eric Dupont-Moretti à la Justice. » Ce que le quotidien analyse comme étant une « influence grandissante de l’ancien président de la République. Le plus célèbre ‘retraité’ de la vie politique est devenu le DRH d’un président en manque de ‘banc de touche’. » Une influence que pointe également Henry Lauret dans son édito pour Le Télégramme, en titrant, « Darmanin, ombre de Sarko ».

Avec cette équipe, Macron chercherait ainsi à consolider son électorat centre-droit. « S’il fallait donner une couleur à cette nouvelle équipe, le bleu l’emporterait largement sur le rose et sur le vert », note ainsi l’édito du Figaro.

Eric Dupond-Moretti, une surprise qui divise, et un pari

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Parmi les nominations, c’est celle du célèbre pénaliste Eric Dupond-Moretti qui fait le plus grand bruit. « Ministre le plus médiatique », son arrivée est qualifiée par la presse française comme une surprise, mais aussi un pari.

« La nomination Place Vendôme d’Éric Dupond-Moretti, sorte de Gérard Depardieu du barreau, est à elle seule un événement. L’indépendance de la justice pourrait y gagner, les débats à l’Assemblée aussi, mais le choix est osé. Nommer ministre de la Justice un avocat tonitruant qui a déposé plainte contre le parquet national financier, c’est jeter une grenade dans un baril de poudre », rappelle ainsi Le Figaro.

Avec Roselyne Bachelot, « deux figures connues du grand public, destinées à donner du clinquant à l’exécutif, parfois jugé trop terne, trop ‘techno' », note Le Monde. « Emmanuel Macron fait le pari d’une réconciliation avec les avocats, très remontés contre le gouvernement depuis la réforme de la justice de 2018 puis celle des retraites. Au risque de chiffonner certains juges », écrit de son côté Libération.

Lire aussi : Éric Dupond-Moretti: « L’avocat est seul contre tous. Il ne peut pas être dans le consensus » (archives)

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